Spirou dynamise la Cité de la BD et de l’image d’Angoulême
Spirou n’en finit plus de souffler ses 75 bougies, et ce n’est pas un mal. Pour en savoir davantage sur le groom belge, on pourra se replonger dans La Véritable Histoire de Spirou de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, ou creuser ses origines avec l’intégrale Spirou par Rob-Vel. Ou encore se rendre à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême (dont le directeur, Gilles Ciment, vient d’être reconduit dans ses fonctions), qui présente la jolie exposition « Spirou, un héros dynamique ».
Le parcours se décline en cinq parties. D’abord une plongée historique, via le code d’honneur des amis de Spirou (un club au succès fracassant, dont les membres doivent être « francs et droits »). Le héros est en effet bien-pensant, créé sur une idée de l’éditeur et imprimeur Jean Dupuis. « Ce protoype du self made man, très pieux, voulait un personnage pour incarner l’esprit d’un magazine familial », précise Jean-Pierre Mercier, commissaire de l’exposition. Il confie cette mission à Rob-Vel — qui sera largement aidé par sa femme et le peintre Luc Lafnet. Interdit pendant la guerre (Dupuis refuse de collaborer), le journal survit pourtant dans l’imaginaire collectif, via… des spectacles de marionnettes. Des affiches et même un pantin (qui aurait été sculpté et peint par Jijé) en témoignent.
Cette introduction richement documentée laisse la place à une balade chronologique dans les planches de la série et de ses one-shots. Chaque auteur, quelle que soit sa notoriété, a droit à moins d’une demi-douzaine de planches (originales ou fac-similés) : de Jijé à Yoann et Vehlmann — actuellement aux manettes —, en passant par Franquin, Jean-Claude Fournier, Nic et Cauvin, Chaland, Tome et Janry, Morvan et Munuera, Frank Le Gall, Emile Bravo, Yann et Olivier Schwartz… Une occasion d’observer la variété des styles, le changement de ton selon les histoires.
Plus anecdotique, un coin « Petit Spirou » permet aux enfants de feuilleter des albums. Les adultes, eux, peuvent se perdre dans la contemplation des archives de Spirou, en consultant une soixantaine d’anciens numéros numérisés, à disposition via une ingénieuse table électronique. Quelques pas plus loin, on pénètre une « rédaction » virtuelle, qui regroupe les travaux inspirés par le microcosme de Marcinelle (siège de Spirou). Il y a les séries L’Elan de Frank Pé, Le Gang Mazda de Christian Darasse, Tome et Yslaire, Le Boss de Zidrou et Bercovici, mais surtout Gaston Lagaffe de Franquin, et aussi le récent Atelier Mastodonte emmené par, entre autres, Lewis Trondheim, Cyril Pedrosa, Julien Neel, Yoann, Alfred, Guillaume Bianco et Tebo.
On complètera cette agréable visite — servie par une scénographie simple, claire et efficace, qui anime l’espace avec des calots et des spirales — par celle de la « galerie des illustres » : y sont exposées les planches commandées par Spirou à des auteurs divers, en hommage au groom.
Laurence Le Saux
—————————————-
Exposition Spirou : un héros dynamique
Jusqu’au 6 octobre 2013 à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, Quai de la Charente, Angoulême.
Du mardi au vendredi 10h-18, samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h, en juillet et en août jusqu’à 19h. Tarifs : de 4 à 6,50€.
Affiche © Yoann / Dupuis.
Photos © Laurence Le Saux pour BoDoï.
Votez pour cet article
—————————————–
-
Une exposition plus que justifiée pour fêter les septante-cinq ans du groom rouge. Messieurs les jeunes auteurs indés, les petits amateurs de mangagas ou de comics pas comiques, allez y, vous en sortirez émerveillés, et plus cultivés qu’avant.
Commentaires