Spirou, l’espoir malgré tout #3
La Belgique est occupée par les force nazies. Les juifs – quand ils ne sont pas humiliés ou persécutés dans les rues – sont raflés et déportés. Vers l’Allemagne ou la Pologne. Hommes, femmes et enfants compris. Spirou fait ce qu’il peut pour aider ses amis et les enfants du quartier, et prend peu à peu conscience qu’il faut agir pour sauver ceux promis à l’exil et à une mort probable. Mais comment faire pour lutter ? Prendre les armes? Non, il s’y refuse. Contacter les résistants ? Mais qui sont-ils et comment agissent-ils ?
En collant au plus près du pavé et des basques d’un ado bruxellois dont la vie est bouleversée par la guerre, et en voulant comprendre comment ce gamin est passé de groom à héros pour les jeunes générations, Émile Bravo construit une oeuvre d’une richesse rarissime et d’une humanité qui force le respect. Documentée et crédible, son histoire offre une plongée réaliste dans les années d’Occupation en Belgique, et montre comment la plupart du peuple occupé n’était ni collabo, ni résistant, juste passif, désarmé, déboussolé. Écrasé par la machine de guerre et de négation de l’humanité des nazis. Parallèlement, il brosse de beaux personnages, complexes et mouvants, à commencer par son Spirou qui devient tout doucement adulte, en faisant preuve de courage, d’empathie, et de maladresse aussi. Fantasio également est passionnant à suivre dans son évolution : gaffeur de première mais rebelle enthousiaste, il offre un contrepoint idéal au naïf boy-scout à l’écureuil. Les personnages secondaires – le couple d’artistes juifs pourchassés, le paysan vétéran et instruit, l’ado révoltée… – sont eux aussi fouillés et touchants.
Tous publics, tour à tour hilarante, terrifiante et bouleversante, cette série condense à la fois des questionnements essentiels, des valeurs fortes et une parfaite narration de bande dessinée. Une grande, très grande oeuvre.
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