Stalingrad Khronika #1 ***
Par Frank Bourgeron et Sylvain Ricard. Dupuis, 16,95 €, le 19 août 2011.
La Seconde Guerre mondiale fait rage, et la ville de Stalingrad n’est plus qu’un décor fantomatique pour le triste spectacle des combats entre troupes nazies et soviétiques. Et c’est justement ce décor que le camarade Staline a choisi pour un film à la gloire de son armée : il y envoie un cinéaste raté et trouillard, qui va croiser d’anciennes connaissances sur le front. Et cette rencontre va révéler les errances d’un régime et d’une telle guerre.
Fable absurde et petit théâtre philosophique, ce premier tome d’un diptyque fonctionne en tableaux successifs, dans des décors de neige sale et de bâtiments écroulés. Et chacun est le prétexte à des joutes oratoires rageuses, ou des messes basses manipulatrices. On découvre ainsi des artistes déchus en raison d’une prise de parole trop libre; des fonctionnaires planqués, protégés par un ami ou un membre de sa famille bien placé; et des soldats lambda, chair à canon indispensable à une grande armée… Tous sont façonnés, de gré ou de force, par une dictature communiste sans concession, et dont le regard pèse sur eux en permanence. Ce qui ne peut que rendre un peu fous ces hommes relégués au statut de marionnettes…
Sylvain Ricard est ici l’auteur d’un joli exercice de style, proposant un enchaînement de séquences sobres et des dialogues parfaitement ciselés. Au dessin, Frank Bourgeron opte lui aussi pour l’efficacité, l’expressivité des visages tranchant parfaitement avec les ombres architecturales du champ de bataille. Un album malin et élégant.
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