Steam Man
1895. Après les extraterrestres, c’est le Cavalier Noir qui menace de détruire le monde. William Beadle imagine alors un projet de taille : construire l’Homme-vapeur, un géant de fer capable d’anéantir n’importe quel ennemi. Une fois conçu, Steam Man part en quête d’un monstre dont on ne connaît ni l’origine ni l’ambition, aussi destructrice soit-elle. Bienvenue en enfer.
The Steam Man of The Prairie and the dark rider get down (1999) est au début une nouvelle signée de l’écrivain et scénariste Joe R. Lansdale, auteur remarqué notamment pour ses nombreux romans noirs (L’Arbre à bouteilles, Bad Chili). Désormais considérée comme un classique du steampunk (voir l’excellente préface de M.P. Baudry), elle a été logiquement adaptée en comics aujourd’hui par Mark Miller et Piotr Kowalski (Sex, Badlands). Comme à son habitude, c’est Delirium qui édite en France cet inédit. Soit l’histoire d’un géant de fer propulsé au charbon et à la vapeur, en plein cœur du grand Ouest et chargé de terrasser l’énigmatique Cavalier Noir, avatar de Martiens tout juste vaincus par des humains héroïques mais usés.
Dans cet album percutant, les références sont nombreuses : H.G. Wells du côté du « merveilleux scientifique » (l’action de Steam Man débute d’ailleurs juste après la fin de La Guerre des Mondes de Wells), Jules Verne pour l’aventure et la SF et H.P. Lovecraft pour le fantastique. Passant du western à l’horreur la plus crue, les auteurs campent en quelques cases une fine équipe de pilotes plus ou moins barrés : Mike Hammer le boxeur sophistiqué, John Feather le pisteur volubile ou Alfred Blake l’anarcho-ingénieur. Ensemble, ils bâtissent une action classique certes, mais nerveuse sous forme de duel épique (l’intelligence industrielle face aux instincts diabolique) au diapason de dialogues hard-boiled légers, délicieusement à rebours de l’engrenage macabre. Au-delà des textes, la réussite de l’album tient dans son graphisme spectaculaire : Piotr Kowalski privilégie les grandes envolées pour mettre en scène la gigantesque machine humanoïde, dans un style réaliste au cordeau : fumées rugissantes, têtes embrochées et giclées de sang ne nous sont pas épargnées. À l’image de la splendide couverture, une nouvelle réussite du catalogue Delirium.
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