Au Ve siècle de notre ère, l’archipel britannique est en proie à des luttes incessantes entre clans, entre Celtes et Saxons, entre la foi chrétienne et les croyances anciennes. Rome vient d’envoyer un émissaire, fourbe, violent et déterminé, pour mettre les moines locaux au pas, et traquer l’hérésie des druides. Cet évêque machiavélique a évidemment une ambition secrète : récupérer un artefact légendaire à la puissance divine… Mais les protecteurs du savoir des druides et des traditions celtes ne comptent pas le laisser faire.

En plongeant au coeur des légendes des terres d’Irlande et de Grande-Bretagne, le chevronné Éric Corbeyran (Shadow Banking, 14-18, Badlands, Zodiaque, Le Chant des Stryges…) s’aventure dans un chemin périlleux, mille fois arpentés par la fiction et pas toujours de la meilleure des façons. Mais il démontre ici tout son talent de scénariste, avec une construction simple mais maligne et efficace, qui fait mouche. En développant son histoire sur deux fronts, il laisse infuser le mystère, bâtit peu à peu ses personnages, pose les bases d’une aventure historique et fantastique en trois tomes qui se dégusteront sans nul doute avec plaisir. Car Stonehenge fait aussi émerger un vrai talent au dessin ; Ugo Pinson signe ici sa première bande dessinée, dans un style maîtrisé et pourtant audacieux : la peinture à l’huile ! Alors, bien sûr, ce type de graphisme pourra à la longue lasser, par sa densité parfois un peu lourde et sa tendance à exagérer les expressions des visages, mais dans le cadre de cette intrigue moyenâgeuse, il impressionne. Notamment dans ses décors de forêt, de falaise, ou ses ciels nuageux. Voilà donc un duo d’auteurs en forme, pour une trilogie à l’intrigue tout de même un peu éculée. Et l’on se dit que si ces deux-là trouvaient une idée plus originale et un sujet plus fort, ils pourraient faire plus que des étincelles.