Par Matthew Southworth et Greg Rucka. Delcourt, 14,95 €, le 21 novembre 2012.

Dex est une jeune femme qui n’a pas peur de grand chose. Détective privée grande gueule et tête brûlée, elle peine à s’en sortir entre son frangin handicapé, son addiction au jeu, ses amours (hommes ET femmes) et surtout les affaires tordues qu’on lui propose. Comme celle de retrouver la petite-fille de la patronne du casino local, qui intéresse aussi beaucoup un gros chef de gang…

Créateur de Queen & Country, Greg Rucka aime les femmes et le polar. En effet, comment, en regardant Dex provoquer les méchants de ses petites vannes pourries et se prendre des bastos dans le buffet, ne pas penser à son personnage de policier lesbienne de Gotham Central ou à sa récente version de Batwoman ? Elles sont toutes de la même famille, c’est sûr. Celle des héroïnes pas toujours super, qui galèrent un maximum dans un monde d’hommes, d’alcool et de violence, mais qui croient tellement fort à la vie qu’elles trouvent toujours le moyen d’avancer. Loin de l’univers des super-héros, Stumptown repose entièrement sur ce personnage aussi énervant qu’attachant, et sur le petit monde que Rucka construit autour de lui. Car le scénario est celui d’un classique polar hard boiled, avec ses commanditaires menteurs, ses petites frappes sans avenir et ses gros bras qui tapent avant de parler. Et le dessin sans fioritures de Matthew Southworth, tout en noir poisseux et rageur, bien souligné par une mise en couleurs sobre, achève de poser ce premier tome comme un épisode de roman noir pas révolutionnaire, mais franchement bien foutu. On ne manquera pas de faire un nouveau tour à Stumptown dès que l’occasion s’en présentera.

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