Stupor Mundi
Il veut oeuvrer « pour la vérité et contre la bêtise du monde », à tout prix. Hannibal est le plus grand savant de Bagdad, persuadé de pouvoir fixer les êtres et les choses sur du tissu. Il met au point une boîte noire géante, ancêtre de l’appareil photo. Seulement voilà, nous sommes au Moyen-Âge, et la superstition fait souvent loi. Accueilli et subventionné par le redoutable empereur Stupor Mundi (la « stupeur du monde », considéré comme « ange et démon à la fois »), le scientifique est accompagné de sa fille, une curieuse gamine paralysée et hypermnésique — mais qui a tout oublié des circonstances de la mort de sa mère. La pression sur ses épaules redouble quand le souverain lui commande un faux Saint Suaire. Hannibal doit, très vite, trouver la formule du fixatif qui permettra de stabiliser l’impression de l’image…
Stupor mundi est une épopée presque trop courte : on apprécie beaucoup son ambiance médiévale, ici et là inquiétante, et surtout ses protagonistes. Les héros recèlent des secrets, les personnages secondaires sont attachants (Khannefousse le nain, Roger le fils du chef des armées, nul au tir à l’arc…). Astucieusement, Néjib — l’auteur de Haddon Hall, sur le jeune David Bowie — trace un parallèle entre la recherche scientifique d’Hannibal, et la quête psychologique de sa fille, qui tente de creuser ses souvenirs enfouis. Dans un style jeté assez sobre, usant d’aplats de noir et de couleurs, il réussit une aventure originale et prenante.
Feuilletez des milliers de bandes dessinées gratuitement sur Sequencity
Publiez un commentaire