Succombe qui doit
Une bande de braqueurs maladroits et malchanceux se planquent dans une casse automobile après un braquage lucratif et sanglant. En attendant que le grand patron envoie une équipe pour les secourir. Mais le gérant de l’endroit est un ancien boxeur qui a eu maille à partir avec le patron en question. Dès lors, rien ne se passe comme prévu. Mais alors, rien du tout.
Le prolifique Antoine Ozanam est un spécialiste de la BD de genre ultra-référencée, du fantastique façon Edgar Poe (Les Âmes sèches) au délire extraterrestre à la sauce John Carpenter (son chapitre dans Doggybags) en passant par le thriller choral (We are the night). Ici, le scénariste regarde du côté de Tarantino et réalise une sorte de Pulp Fiction en mode mineur, une confrontation de bad guys de bas étage, un huis clos tendu et imprévisible où les mandales et les insultes vont bon train. Avec une bonne dose de violence et une once de perversité. Au-delà d’un sujet guère original (si ce n’est la fin, allez jusqu’au bout!), ce qui fait plaisir ici, c’est qu’Ozanam joue pour une fois la sobriété dans ses textes. Point de voix off omniprésente et trop écrite, les dialogues sont sobres et percutants, pour mieux laisser parler les ambiances et les visages. Il faut dire qu’au dessin, Rica, son complice de E dans l’eau, s’en donne à coeur joie pour brosser des tronches impossibles de truands bas du front, et bâtir des décors cauchemardesques. On regrettera toutefois quelques soucis d’impression, qui font tourner au grisâtre ses noirs profonds si particuliers, nuisant un peu à la lisibilité et gâchant le plaisir de lecture.
Voilà donc une bonne BD de genre pour qui aime les sensations fortes et ne fait pas trop la fine bouche sur des ressorts scénaristiques parfois éculés. Contrairement à ce que suggère sa splendide couverture, Succombe qui doit ne vous fera pas l’effet d’un direct dans l’estomac, mais devrait tout de même vous secouer un peu.
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