Suis l’homme en blanc
De sa rencontre avec Preu Po Pou, chef d’un village de Karens, Thomas Oswald a bâti le scénario de Suis l’homme en blanc. C’est au cours d’un reportage réalisé pour Famille chrétienne que l’auteur a pu pénétrer les secrets de cette ethnie vivant aux confins de la jungle birmane. Étonnant Preu Po Pou, orphelin très jeune, dont le destin fut guidé par la parole de son père : « suis l’homme en blanc ». Lorsque le père Quintard entre dans la vie de l’enfant, devenu jeune homme, alors celui-ci décide d’épouser la religion chrétienne.
Si l’histoire semble, a priori, teinté d’un évangélisme désuet, cela vaut le coup de ne pas s’arrêter à cette façade, peut-être réelle, mais aussi un peu fallacieuse. Tout d’abord, Thomas Oswald porte un regard respectueux et fasciné sur les Karens, une ethnie oubliée de 7 millions d’habitants vivant entre Thaïlande et Birmanie. Et victime, elle aussi, de la junte birmane, dont la violence fait encore échos de nos jours. Ensuite, l’histoire vraie de Preu Po Peu, simple, sensible, de la mort des siens au destin de chef de village, ne peut souffrir d’un jugement : le rapport à l’éléphant, le cheminement dans les forêts et les rizières, la crainte des esprits, si présents dans la culture bouddhiste des Karens… Tout cela dresse un portrait unique, entre conte initiatique, biographie et documentaire ethnographique. Enfin le dessin se veut généreux et simple ; pas de maniérisme sophistiqué pour cette histoire mais un sens certain de la mise en scène. Si l’ensemble manque un peu de densité, cette histoire, entre fable et réalisme, révèle une certaine sensibilité.
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