Par Garrie Gastonny et Warren Ellis. Milady Graphics, 14,90 €, mai 2011.

Le surhomme est-il la plus belle conquête de l’homme ? C’est la question que s’est posé Warren Ellis dans Black Summer et No Hero, et qu’il soumet à nouveau aux lecteurs dans Supergod. Ici, le surhomme n’est pas vu comme un justicier qui aurait pété les plombs et dévoierait sa mission première. Non, il est cette fois issu d’expériences scientifiques de chacune des grandes puissances de la planète, cherchant concevoir une arme terrible, et surtout supérieure à celle des autres États. Mais bien sûr, que ce soit en Inde, en Russie, aux États-unis, en Iran ou en Angleterre, ces nouveaux dieux vont échapper à tout contrôle et oeuvrer à un autre dessein que de basses histoires de suprématie mondiale…

Loin de se répéter, Warren Ellis clôt sa « trilogie » sur les super-héros (composée des albums indépendants sus-cités) d’une manière originale et grandiloquente. Il met ainsi en scène la fin de l’humanité de la main de divinités modernes créées de toutes pièces, comme une version de Frankenstein à l’ère atomique et biotechnologique. Et, en scénariste habile, il conte cette apocalypse par la voix d’un ingénieur britannique, analysant les erreurs successives de toutes les armées du monde et rigolant jaune face à une Tamise pleine de cadavres. Ce mode de narration n’est jamais lourd et permet au récit de gagner en lisibilité. Ainsi qu’à Ellis de lâcher sa verve puissante et acide sur les petits enjeux politiques qui font les grandes catastrophes. Le dessin de Garrie Gastonny est au diapason, n’hésitant pas à produire des séquences outrancières voire kitsch, qui collent finalement assez bien au ton rentre-dedans du scénario. Voilà donc un comics pas toujours très subtil, mais terriblement malin, qui alterne à merveille le super-héroïsme spectaculaire et la science-fiction politique.

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