Superman n’est pas juif (…et moi un peu)
Benjamin est paumé: son père lui dit qu’il est juif (comme les créateurs de Superman) et qu’il doit en être fier; sa mère lui dit que ça n’a aucune importance; et il se rend compte que les juifs sont circoncis, et que c’est vraiment trop la honte à l’école..! Voici le récit tendre et sincère d’un gamin croulant sous le poids des traditions familiales, mais aussi une sobre évocation de l’enfance et de la vie au quotidien avec ses différences.
En enchaînant les saynètes toutes simples et des histoires de gamin parfois éculées, Jimmy Bemon – scénariste et cinéaste, qui réalise un moyen-métrage autour de la présente histoire – prenait le risque de lasser rapidement. En choisissant le thème de la judéité et des interrogations d’un jeune garçon, puis d’un jeune adulte, sur le sens de ce mot, il prenait le risque de livrer un pensum. Eh bien, pour sa première bande dessinée, l’auteur évite ces deux écueils. D’abord, grâce à cette simplicité justement, et une fraîcheur dans le ton qui permet de parler de religion et de tradition sans jamais ennuyer. Ensuite, grâce à une astuce scénaristique très maligne: il ponctue chaque fin de séquence d’une phrase en suspension, cliffhanger narratif imparable qui vous force à tourner la page, pour avoir le fin mot (et le bon mot). Son histoire sensible est joliment mise en image par Émilie Boudet, dont c’est aussi le premier album. Son trait souple et ses couleurs douces, évoquant à la fois la blogosphère BD et l’illustration jeunesse, achèvent de rendre ce récit tous publics. Bien entendu, cette simplicité assumée frôle parfois la superficialité face à un sujet délicat, et le rythme expéditif de certains passages pourra frustrer. Mais l’ensemble est cohérent, accessible, sincère, et humble. Ce qui n’est déjà pas si mal.
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