Sur la piste du Marsupilami : quand Chabat fait houba
Difficile de s’emparer du personnage bondissant de Franquin pour le transposer, sans le trahir, au cinéma. Alain Chabat, qui avait ce projet à coeur depuis des années, réussit globalement son pari : faire vivre le Marsupilami sur grand écran, en respectant l’esprit des bandes dessinées d’origine, tout en injectant les canons modernes de la comédie. Sur la piste du Marsupilami, avec lui-même, Jamel Debbouze, Fred Testot et Lambert Wilson, se pose comme un film familial et bon enfant, dont les meilleurs moments parviennent à faire oublier les défauts.
Il faut le dire tout de suite : ceux qui sont amoureux du Marsupilami et des albums de Franquin, mais ne supportent pas l’humour de l’ex-Nul Alain Chabat, auront bien du mal à rentrer dans le film. Car, comme souvent dans la série d’albums jeunesse dessinée par Batem, on suit autant (si ce n’est plus) les personnages humains que la créature jaune elle-même. Ainsi, Sur la piste du Marsupilami met en scène un journaliste star d’une télé française (Dan Geraldo, incarné par un Chabat bien dans son registre) sommé de dénicher un scoop en Palombie pour faire bondir l’audience de son émission moribonde. Sur place, il doit se faire aider par Pablito, un gentil petit escroc débrouillard, interprété sans fausse note par Jamel Debbouze. Mais ils se heurteront à un général susceptible, un savant forcément fou, à une tribu locale roublarde… et – tout de même – à un Marsupilami insaisissable.
La première partie du film expose les protagonistes de manière (un peu trop) tranquille. Heureusement, pour ne pas frustrer le spectacteur, Alain Chabat dévoile son Marsu rapidement : on le voit pêcher des piranhas avec sa queue, sauter d’arbre en arbre, faire des gros yeux, succomber à la gourmandise, etc. L’animal de synthèse est très réussi, tout mignon et soyeux, et son regard parfaitement expressif. Madame Marsupilami et son mauvais caractère sont également bien retranscrits. L’ambiance de la jungle palombienne rappelle l’univers de Franquin, et tout y est si agréable qu’on aimerait y passer plus de temps.
Sauf qu’il y a une histoire, un complot, mené par le vieux botaniste Hermoso, qui découvre que l’orchidée préférée des Marsus possède des propriétés rajeunissantes. Il l’essaie sur lui-même, devient un séducteur sur le retour et se laisse gagner par une véritable soif de pouvoir. Dans son costume, Fred Testot en fait des tonnes, amuse et agace tour à tour. À ses côtés, Géraldine Nakache et Patrick Timsit ne peuvent, hélas, espérer mieux que demeurer des faire-valoir de luxe. On préférera nettement Lambert Wilson, dont le potentiel comique est connu, et qui se lâche bien en général palombien fan de Céline Dion !
C’est donc cette riche galerie de personnages qui anime l’intrigue, mais pèse un peu sur le début du film. Car si on sourit aux blagues potaches habituelles chez Chabat, on trépigne un peu que l’aventure démarre réellement. Mais une fois lancée (après près d’une heure tout de même…), elle ne retombe jamais, pour le plus grand bonheur des spectateurs – plutôt jeunes cela dit. En effet, on est moins ici dans le festival comique désopilant d’un Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre que dans l’hommage affectueux et familial à une bande dessinée qui ne l’est pas moins. On savoure ainsi l’excellente scène de danse de la tribu des Payas, leur prophétie en forme de dessin animé, la bagarre finale du Marsu à coup de carottes en plastique, le lama qui crache (aaah, Tintin…), et le sort cocasse, bien dans l’esprit d’une aventure de Spirou et Fantasio, qui s’acharne sur le méchant Hermoso. Cette dernière demi-heure réussit quasiment à faire oublier un début mignon mais poussif, et confirme l’esprit tous publics qui règne sur cette très honnête transposition de l’univers de Franquin à l’écran. Alors si on ne crie pas hourra pour Chabat, on lui décerne néanmoins un sincère houba houba.
Benjamin Roure
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Sur la piste du Marsupilami.
Un film réalisé par Alain Chabat, écrit avec Jeremy Doner, d’après l’oeuvre d’André Franquin.
Avec Alain Chabat, Jamel Debbouze, Fred Testot, Lambert Wilson, Patrick Timsit, Géraldine Nakache, Liya Kebede, Aïssa Maïga, Jacques Weber, The Great Khali…
1h45. En salles, le 4 avril 2012.
Images © Chez Wam – Nicolas Guiraud
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Très très très bon film, une totale éclate! on se marre d’un bout à l’autre.
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Très très très bon film, une totale éclate! on se marre d’un bout à l’autre.
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Bon film, mais qui ne restera pas dans les annales, dommage on attend davantage d’humour corrosif de la part d’Alain Chabat, il a dû se restreindre pour un faire un film pour enfants.
Les acteurs en font trop dans la caricature, les BD comiques sont vraiment dures à adapter…
A quand, Thorgal, Aria, Alix, Valérian (liste non exhaustive…) qui sont des BD à caractère cinématographique… -
Bon film, mais qui ne restera pas dans les annales, dommage on attend davantage d’humour corrosif de la part d’Alain Chabat, il a dû se restreindre pour un faire un film pour enfants.
Les acteurs en font trop dans la caricature, les BD comiques sont vraiment dures à adapter…
A quand, Thorgal, Aria, Alix, Valérian (liste non exhaustive…) qui sont des BD à caractère cinématographique… -
A quand la fin de la mode des adaptations ? Qu’on laisse aux livres leur force au lieu de les reléguer au second plan d’adaptations ciné généralement médiocres ou de toute façon infidèles… Et que le cinoche fasse un peu plus dans l’innovation au lieu de constamment pomper les bds et les romans…
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A quand la fin de la mode des adaptations ? Qu’on laisse aux livres leur force au lieu de les reléguer au second plan d’adaptations ciné généralement médiocres ou de toute façon infidèles… Et que le cinoche fasse un peu plus dans l’innovation au lieu de constamment pomper les bds et les romans…
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Oui, vous avez raison.
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Oui, vous avez raison.
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