Sur le bout des doigts
Pour son premier album, Colin Atthar se lance dans le périlleux exercice de l’autobiographie. Il débute en détaillant son attrait pour la mode, à contre-courant de son entourage, et pour des looks suscitant nombre de moqueries et remarques homophobes. Il parle aussi de son enfance de petit garçon rouquin et des insultes relatives à sa chevelure. Il raconte ensuite son choix d’un cursus d’études artistiques, ses désillusions et ses rencontres dans ce drôle de milieu. Mais sous toutes ces anecdotes, développées avec rythme et énergie, quelque chose de plus important, de plus fort, de plus douloureux peut-être, couve. Et sa petite voix intérieure, matérialisée sous la forme d’un chat espiègle, ne cesse de le lui rappeler…
C’est en effet toute la question de la quête d’identité de l’auteur qui est au centre de cet album, et qui trouvera sa réponse et ses confessions à la fin, qu’il ne faut surtout pas dévoiler sous peine de perdre un vrai plaisir de lecture. Le tour de force de Colin Atthar – outre le fait d’oser se mettre ainsi à nu, sans tomber dans le voyeurisme – est de redonner un coup de jeune au genre autobiographique en bande dessinée. Il a lu ses glorieux prédécesseurs, de différentes générations, et notamment toute la vague des années 1990-2000. Il ne les rejette pas, s’inspire des meilleurs et instille sa patte personnelle, ses références à lui, son sens percutant de la narration. Rien que pour ça, il faut lui tirer son chapeau. Et conseiller cet ouvrage très émouvant à tous, tant sa sincérité, son intelligence et sa sensibilité sont à même de bouleverser un large panel de lecteurs. Une des révélations de l’année, sans aucun doute.
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