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Sylvain Dorange croque Sanseverino en Papillon

18 avril 2016 |

De gauche à droite : Sylvain Dorange, Cécile Richard et Sanseverino.

De gauche à droite : Sylvain Dorange, Cécile Richard et Sanseverino.

Avec un trait vivifiant, Sylvain Dorange, 39 ans, a signé les dessins de l’album-concept de Sanseverino sur le plus célèbre bagnard de Cayenne, Papillon, immortalisé à l’écran par Steve McQueen. L’auteur raconte cette expérience collaborative et intense, mené avec légèreté aux côtés d’un chanteur inspiré et de la scénariste Cécile Richard.

Quel est votre parcours ?

J’ai étudié aux Arts Déco de Strasbourg, dans l’atelier de Claude Lapointe, où j’ai appris l’illustration et le travail narratif. Mes premiers bouquins sont des adaptations des films de Robert Guédiguian. J’ai réalisé une série avec Franck Viale, Les Promeneurs du temps, sur un commissaire qui essaie de résoudre en 1901 des paradoxes temporels et des phénomènes paranormaux (éditions Poivre & Sel). Après est arrivé ce projet collectif avec Sanseverino, sur Papillon. Autrement, je travaille dans le dessin animé : avec Anne Royant, nous avons reçu l’aide du CNC pour une série télé intitulée Méga-boule-frites, de aaa production, qui avaient produit les Shadocks.

mbf-Générique : MEGA BOULES FRITES from Sylvain Dorange on Vimeo.

Par quoi le projet Papillon a-t-il commencé ? La musique ? Le scénario ? Le dessin ?

C’est la musique. Steph – Sanseverino – m’a contacté quand il avait fini les maquettes donc avant de bosser avec les musiciens. On se connaissait déjà et il m’avait demandé de lui créer son affiche, sa pochette… sans savoir si Sony serait OK. Il désirait aussi, à l’intérieur, des dessins, une ambiance comics. Sony a alors proposé de produire une BD qui expliquerait tous les liens qui existent entre les chansons. En concert ces liens sont faits, pas dans l’album : ça ne manque pas forcément, mais il y avait de la place pour ça. Cécile Richard est intervenue à ce moment-là. Elle avait travaillé sur l’adaptation de la vie de Papillon avec Steph, ainsi que sur la scénographie de ce spectacle. Elle le connaît donc très bien ! Et puis il fallait traduire 500 pages d’autobiographie en 100 pages de BD.

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Comment le travail avec Sanseverino s’est-il passé ?

sanseverino_est_papillon_couvMême si mon trait ne devait pas lui déplaire, je pense que ce n’était pas l’argument principal : Steph aime travailler avec des gens qu’il connaît, des potes. Il y a treize chapitres, treize chansons. En fait, la quatorzième chanson a été rajoutée, comme un teaser pour la radio, une chanson qui résume l’ensemble, qui donne l’esprit de l’album. C’est une idée de Sony, ce n’était pas essentiel – d’ailleurs, elle n’est pas dans le vinyle – mais elle est vraiment sympa dans le contexte de cet album concept. Pour le dessin, j’ai travaillé autour des chansons, produit une série de planches pour chaque titre, puis Cécile a travaillé le découpage, en gardant parfois mes propres découpages. L’idée étai de tourner autour des chansons, mais de vite s’en échapper et d’y agréger des scènes que Cécile voulait raconter. Ce fut réellement une bonne expérience que ce dialogue à trois voix, sans aucun problème d’ego entre nous. Chacun a pu dire ce qu’il voulait et a accepté le regard de l’autre.

Ce sont des scènes racontées dans la biographie d’Henri Charrière ?

Oui, elles sont issues de ce livre qui raconte l’histoire de Papillon. Ce n’est pas une biographie à 100 % : à l’époque, l’éditeur Laffont lui avait dit que juste sa vie, son expérience au bagne, ne suffisaient pas, qu’il fallait qu’il raconte davantage. C’est comme ça que Papillon vit aussi les histoires racontées par ses copains ! C’est un roman d’aventure, inspiré de sa vie, de son expérience, et de celles de ses potes. Ce n’est pas totalement inventé. Mais lui ne s’est pas évadé une quinzaine de fois !

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Et le film avec Steve McQueen ?

dorange-sanseverino-plancheOn l’a regardé. Sanseverino et Cécile Richard voulaient être au plus proche du roman, le film lui, par certains aspects s’en éloigne. C’est un film d’ambiance presque ; il y a beaucoup moins d’anecdotes et de rebondissements que dans le livre. Dans le film, on ressent la dureté du bagne qu’on ne ressent pas forcément dans le bouquin – dès qu’il est emprisonné deux secondes, il veut s’évader ! On a respecté cela dans la BD.

Sanseverino est Papillon : du coup, le choix graphique a dû prendre en compte ce paramètre.

Henri Charrière, romancier, se raconte dans Papillon. Dès lors, par analogie, Sanseverino, le chansonnier, s’approprie cette histoire, il est Papillon. Le personnage a les traits de Steph puisque dans l’album il dit « je », et « je » c’est Papillon. Peut-être que s’il avait dit « il » cela aurait été différent.

Votre trait est léger, presque naïf, ce qui tranche avec des passages franchement trash comme la scène de cannibalisme.

Faire du réalisme, j’en suis incapable. Même si j’adore le travail de certains auteurs réalistes, très pointilleux. J’arrive à faire, on va dire, du semi-réalisme, avec un côté très caricatural. Cela me permet de raconter des choses sérieuses avec légèreté, ça pose une ambiance, une couleur. Une bonne BD, c’est avant tout une bonne histoire – le trait, c’est subjectif. On peut aimer un dessinateur et ne pas être emballé par sa BD car l’histoire tombe à plat. Une bonne histoire restera toujours une bonne histoire.

Comment le projet s’est-il retrouvé à la Boîte à Bulles ?

dorange-sanseverino2Déjà, on n’a pas eu beaucoup de temps ; entre la décision de Sony et le moment où il fallait que ça sorte, il ne restait que six mois. Il fallait trouver un éditeur sérieux capable de porter ce projet, et qui le voulait. Je connaissais Vincent Henry de la Boîte à bulles, et le projet rentrait bien dans sa ligne éditoriale, qui favorise, en règle générale, les histoires réalistes. Je ne pense pas qu’il le regrette : on a de bonnes critiques et puis Steph a un bon capital sympathie. Moi j’ai un nouveau lectorat, venu par la musique de Sanseverino. Au début, on a eu peur que cela tourne au produit commercial, qu’on me demande de faire juste des illustrations… En réalité, l’éditeur et moi avons été hyper emballés quand on a vu que ce serait une vraie BD. Ce fut une belle collaboration.

Quels sont vos projets ?

Le dessin animé avec Anne Royant va nous occuper pendant les mois à venir. Par ailleurs, Franck Viale et moi voudrions trouver un éditeur pour le tome 4 des Promeneurs du temps. Ce n’est pas urgent, mais on aimerait que ça se fasse. Enfin, je suis assez fier d’un projet musical, Marta des Bois mené avec Anne Royant, Claire Frossard, Emmanuel Remy et Neil Ovey, un musicien gallois. Moi, je suis au clavier. Vous pouvez retrouver l’univers de ce livre-disque sur notre page Facebook !

Propos recueillis par Marc Lamonzie

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Sanseverino est Papillon.
Par Sylvain Dorange, Cécile Richard et Sanseverino.
La Boîte à bulles, 24 €, janvier 2016.

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