Taïpi, un paradis cannibale
Après six mois sans toucher terre, Toby et Tom, deux chasseurs de baleines américains lassés de naviguer, arrivent avec leur équipage à Nuka-Hiva, dans l’archipel des Marquises. Bien décidés à ne pas ré-embarquer, ils choisissent de déserter et de partir à la découverte de l’île. A peine effrayés par les bruits circulant sur les Taïpis, des autochtones réputés cannibales…
Déjà auteurs, ensemble, du somptueux Gatsby le magnifique, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier se frottent cette fois à Herman Melville — dont ils adaptent ce récit, entre aventure et anthropologie. Leur Taïpi est lumineux, riche, foisonnant. On suit passionnément les pérégrinations de leurs deux héros, volontaires mais un peu perdus, entre excitation de la découverte et peur de ce qu’ils ne connaissent — et ne comprennent — pas. L’un d’eux, Tom, est même quasiment adopté par les « sauvages », dont il ne soupçonne pas encore le goût pour la chair de leurs semblables. Au scénario, Stéphane Melchior pose subtilement des questions humanistes (jusqu’où s’acclimater en terre étrangère, quelles différences est-on prêt à supporter, comment être heureux parmi des gens si différents de soi ?). Au dessin, Benjamin Bachelier a troqué le numérique pour des outils plus traditionnels, jouant avec une belle chaleur d’un trait crayonné vif, aux couleurs superbes. Entraînant sans peine le lecteur dans cette épopée exotique.
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