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Takayo Akiyama : punk, bière et manga

14 novembre 2013 |

takayo_akiyama_photoAprès Daisy et Violet aux éditions Cambourakis, la Londonienne d’origine japonaise Takayo Akiyama a récemment signé Y-Front Mouse chez Misma. Entre bières, punk et Osamu Tezuka, interview à distance d’une artiste plurielle, dont on a pu voir une création originale aux Rencontres d’Aix-en-Provence en 2011.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours d’artiste?

Je suis illustratrice freelance et auteure de bande dessinée. Par le passé, j’ai travaillé dans un studio de sérigraphie et j’ai été graphiste textile pour la marque Puma [Takayo Akiyama a conçu les motifs de la ligne de vêtements Hussein Chalayan]. Tous ces boulots m’ont plu, mais travailler dans la bande dessinée est ce que je préfère! Par ailleurs, je chante et joue de la basse dans un groupe qui s’appelle Awesome and Possum. Nous avons enregistré le morceau Catch me pour le teaser vidéo de Y-Front Mouse, et en réaliser l’animation était vraiment amusant. Faire de l’animation est donc également dans ma « to do list »!

takayo_akiyama_yfrontmouse-couvComment est né le personnage de Y-Front Mouse?

Mon ancienne maison avait un problème de souris. Par ailleurs, je travaillais alors dans un magasin où, environ chaque jour à la même heure, un vieux punk nous rendait visite et me racontait qu’il était une star, autrefois… Et puis, je passais beaucoup de temps au pub… Donc je pense que Y-Front Mouse est un mélange d’un peu tout cela. J’aime aussi les personnages anti-héroïques ; je voulais dessiner quelque chose de stupide et d’un peu sombre.

Y-Front Mouse nous plonge dans une atmosphère de pub anglais enfumé. Qui dit pub, dit ambiance sonore particulière: quelle serait la bande-son idéale de ce livre?

Peut-être du garage rock britannique. Thee Headcoats, l’un des groupes de Billy Childish, serait une bonne bande-son.

On décèle dans Y-Front Mouse et sa souris kawaï vos origines japonaises. Hors bande dessinée, certains de vos travaux d’illustration évoquent des artistes pop tels que Tadanori Yokoo. Quels rapports entretenez-vous avec cet héritage nippon?

J’adore effectivement Tadanori Yokoo et d’autres artistes psychédéliques, ainsi que la structure des planches d’Osamu Tezuka, ou encore les personnages kawaï japonais comme Komaneko [film d’animation de Tsuneo Goda, appelé Le Petit chat curieux chez nous]… Et comme je vis à Londres depuis dix ans, je ressens un brin de nostalgie envers mes origines et la culture japonaise.

takayo_akiyama_yfrontmouse-plancheÀ ce propos, quel est votre regard sur la bande dessinée japonaise? Quels mangas vous ont marquée?

J’adore Shigeru Mizuki (Kitaro le repoussant) depuis l’enfance. Un autre de mes auteurs favoris est Fumiko Takano (Le Livre jaune). Je suis en quête de nouveaux coups de coeur, mais il est un peu difficile de trouver de bons mangas à Londres. Je pourrais tenter la lecture en ligne… A présent, je lis probablement davantage de romans graphiques que de mangas.

D’une manière générale, qu’est-ce qui vous influence?

Je suis influencée par les personnes qui m’entourent. J’aime parler à des gens au hasard, qui n’appartiennent pas à ma tranche d’âge – de vieilles personnes, ou de jeunes enfants. Leur perspective est différente de la mienne, et je trouve cela très intéressant.

Après un premier diplôme à la Musashino Art University (Tokyo), vous avez complété vos études au Central Saint Martins College (Londres). Comment décririez-vous la différence entre ces deux approches artistiques et pédagogiques?

Au Japon, les examens d’entrée dans une école artistique sont très conservateurs et orientés sur la technique: chaque élève se doit d’apprendre les rouages du dessin classique. D’autre part, les deux premières années à la Musashino Art University, où j’ai étudié le design graphique, permettent de suivre des cours sans lien direct avec la spécialisation choisie. Par exemple, j’ai un peu étudié le cinéma, les mathématiques modernes, l’histoire de l’architecture, etc. Nous pouvions assister à autant de classes que nous le souhaitions, et je les ai trouvées vraiment intéressantes. Elles ont ouvert mon regard vers d’autres disciplines. Par la suite, j’ai déménagé à Londres pour étudier l’illustration à Central Saint Martins, qui est une école à l’approche très contemporaine, donnant la priorité aux idées et aux concepts plutôt qu’à la technique. En outre, le temps de gestation d’un projet était très court, dans les conditions d’un vrai job. Les enseignants étaient d’ailleurs des professionnels du design, en plus d’être professeurs, donc leurs feedbacks étaient plus pratiques qu’académiques. J’espère avoir acquis un bon équilibre entre ces deux approches.

Que pouvez-vous nous dire sur l’avenir de Y-Front Mouse, ou sur vos projets actuels?

Je travaille en ce moment sur un livre pour enfants, quelque part entre la bande dessinée et le recueil d’illustrations, qui raconte l’histoire d’un garçon et d’un renard. Je prends plaisir à en dessiner les paysages forestiers.

Un message pour vos lecteurs francophones?

J’espère que beaucoup de personnes aimeront Y-Front Mouse: je pense que c’est un bon bouquin pour lire et boire de la bière en même temps!

Propos recueillis par Frederico Anzalone

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Y-Front Mouse.
Par Takayo Akiyama.
Misma, 16€, le 23 septembre 2013.

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Images © Takayo Akiyama/Misma – Photo © Guen Murroni

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