Kidnappé à l’âge de huit ans par un groupe de rebelles armés, Tamba a dû grandir en accéléré. Doté d’un fusil plus grand que lui, il a appris à se cacher, à tirer, à torturer, à tuer. Au coeur de la jungle africaine, affamé et drogué, il est devenu une machine à massacrer, au service d’une cause qu’il n’a jamais compris. Tamba était un enfant soldat, comme des dizaines de milliers d’autres encore aujourd’hui.

Marion Achard, artiste de cirque, qui a beaucoup circulé en Afrique et été au contact de réfugiés, propose ici un scénario épuré et didactique, pour faire comprendre au mieux la problématique spécifique des enfants soldats. Elle ne choisit pas de se focaliser sur un pays précis, afin de se ne pas s’encombrer d’un contexte géopolitique. C’est un peu curieux, au départ, mais au final c’était sans doute la bonne option dans l’optique de parler aux plus grand nombre, notamment aux jeunes lecteurs. Les lecteurs plus au fait de l’actualité ou du sujet risquent, eux, d’être frustrés par cette narration un peu scolaire, cette construction en flash-back parfois confuse et laborieuse, ces portraits psychologiques par trop rapides… Le dessin typé jeunesse de Yann Dégruel est bien dans le ton, sobre et réaliste juste ce qu’il faut, d’une grande lisibilité, aisément accessible. Mais dans cet effort, il se contente trop souvent, pour la couleur, de dégradés répétitifs et parfois disgracieux ou plombants pour la luminosité de ses cases. Au final, Tamba l’enfant soldat s’impose comme un album sincère et bien mené, mais pas assez solide pour intéresser au-delà d’une cible ado.