Tant pis pour l’amour ou comment j’ai survécu à un manipulateur
Sophie Lambda raconte dans le détail sa relation avec un manipulateur. Un homme qu’elle aimé, éperdument, mais qui lui a menti, l’a rabaissée, l’a violentée, l’a harcelée, l’a fait douter d’elle-même et se sa propre raison. Un pervers narcissique, pour qui jouer les victimes est une habitude et qui n’hésite pas à piétiner tout ce qui a succombé à son charme premier, pour nourrir son insatiable ego.
Entre témoignage et documentaire sur les pervers narcissiques, Sophie Lambda réussit son coup : à la fois toucher et informer, se révéler, se comprendre soi-même, et partager son expérience et ses recherches sur le sujet au plus grand nombre. Son dessin rond, entre trait classique de blogs BD et cartoon jeunesse, permet une immersion facilitée dans ce sujet complexe et par moments perturbant. Surtout, elle happe aisément son lecteur grâce un vrai talent pour les analogies, les métaphores graphiques, ainsi qu’un humour bien senti : elle se fait comprendre en trois cases, avec une comparaison rigolarde, une bonne dose de dérision et un sens de la vanne consommé. Malin aussi, le choix d’avoir un interlocuteur intérieur, un nounours alcoolique en guise de conscience, qui permet de transformer le soliloque pesant en dialogue dynamique. Toutefois, si cette option fonctionne bien dans la première partie du livre, elle finit par lasser dans le seconde, plus didactique, consacrée à l’explication des mécanismes de la manipulation et au portrait robot des pervers narcissiques. C’est intéressant et bien décrit, mais sur 300 pages, ça piétine un peu, et un sentiment de répétition grève la longue conclusion. Dès lors, on se lasse aussi des effets de mise en scène qui fonctionnaient si bien au début… Ces petits défauts ne doivent toutefois pas annihiler l’ensemble, qui est un témoignage salutaire et accessible, et qui pourra sans doute aider de nombreuses victimes.
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