Tepe, la colline
Le site de Göbkeli Tepe, « la colline ventrue », dans le sud de la Turquie, est considéré comme ayant accueilli le premier temple de l’Histoire. Des structures monumentales y ont été édifiées par les premiers hommes sédentaires, il y a quelque 9000 ans. À partir de ce fait, l’auteur Firat Yasa a imaginé une fable sur l’apparition d’une religion monothéiste dans les premières sociétés humaines, vues à travers les yeux d’un jeune cervidé voulant retrouver sa mère.
Scènes de chasse au mammouth, rites ancestraux sous la voûte étoilée, longue marche à travers steppes et montagnes rythment cet album, porté par la rencontre entre un faon orphelin et un homme solitaire capable de comprendre la voix des animaux. Et au milieu, les délires d’un soi-disant prophète, prédisant la colère d’un dieu du ciel à ceux qui ne lui donneraient pas tout. À savoir le fruit de leur chasse et des tonnes de pierre entassées… La construction d’une société faite de peur, de violence, de domination masculine est ici à l’oeuvre, au travers d’une histoire à la fois simple et un peu perchée. Malgré l’intérêt du sujet et la poésie qui en émane, on a parfois du mal à s’accrocher à cette fable étrange et contemplative au dessin un peu fragile. Toutefois, passé quelques séquences un peu plates ou répétitives, le propos se fait plus clair et des images fortes restent en tête. Celles d’un monde qui commence à disparaître, celui de la nature sauvage et d’une humanité qui devait composer avec plutôt que de vouloir lui dicter sa volonté. Précipitant aussi, sans le savoir, sa perte.
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