Par Philippe Nicloux et Laurent-Frédéric Bollée. Glénat/1000 feuilles, 45 €, mars 2013.

Laurent-Frédéric Bollée (Un long destin de sang) s’est attelé à un projet étonnant et original : raconter l’établissement des premiers colons britanniques dans ce qui deviendra l’Australie. Mais le défi qu’il s’est lancé est surtout de prendre le temps de décrire qui étaient ces centaines de condamnés sortis des geôles infâmes de Londres pour aller défricher une terre inconnue ; de dresser le portrait des soldats qui les encadraient, fidèles sujets de Sa Majesté le roi George partis pour un voyage de plusieurs mois dont ils n’étaient pas certains de revenir un jour ; et de cerner la notion de liberté à une époque où les Américains venaient de gagner leur indépendance et que la France vivait sa Révolution…

Et pour narrer tout cela, il faut du temps et surtout de la place. C’est là que le défi du scénariste devient un challenge hors norme pour le dessinateur, et que Terra Australis se présente comme un pavé de plus de 500 pages, ultra documenté et en même temps extrêmement vivant, un vrai roman d’aventures véridiques, un docu-fiction plein d’humanité. Bien sûr, toutes les pages ne sont pas des chefs d’œuvre de narration ou de dessin, quelques bavardages semblent un peu inutiles, le trait se fait parfois trop flottant… Mais ensemble, les deux auteurs parviennent à captiver le lecteur avec un récit peu riche en action et qui se déroule pour sa plus grande part avant même l’arrivée en Australie. Cette réussite tient à la sincérité et à la simplicité du propos, à l’efficace mise en scène graphique et à la lisibilité du noir et blanc de Philippe Nicloux (Tropique de l’agneau) et bien entendu à l’intérêt historique du sujet. Un intérêt historique à double titre, le livre soulignant que ce sont bien les petites histoires qui font la Grande.

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