Terre gâtée #1
« Personne ne revient vivant du désert. » C’est du moins ce qui se disait parmi les Natifs, avant qu’on découvre un homme blessé et presque mort d’épuisement, revenant apparemment des étendues arides qui entourent le village. Mais alors que les habitants auraient tôt fait de mettre à mort cet inconnu qu’ils considèrent comme un parasite, le Père Joseph décide de le prendre sous son aile car pour lui, il ne peut que s’agir d’un ange…
Marguerite Abouet est décidément sur tous les fronts pour poursuivre son projet de raconter l’Afrique. Pour cette nouvelle série chez Rue de Sèvres, elle collabore avec le réalisateur Charli Beléteau, avec qui l’auteure d‘Aya de Yopougon avait déjà travaillé sur la série télévisée C’est la vie (sorte de version africaine de Plus belle la vie). Changement de registre radical avec Terre gâtée et son récit reprenant les codes du western, peuplé des personnages faisant figure d’archétypes : des villageois méfiants, des populations nomades opprimées, un empire familial et bien sûr, un sauveur. La bourgade dans laquelle se déroule l’action se veut générique, et pourrait se situer n’importe où en Afrique subsaharienne, avec en fond des thématiques modernes telles que les crises migratoires ou la lutte pour le contrôle des ressources pétrolières et minières. Les auteurs ont d’ailleurs pris soin de suggérer quelques parallèles avec des conflits existants en Afrique.
L’intention est louable, mais les dialogues très littéraires manquent de réalisme, et certains aspects du scénario, trop suggérés, perturbent la fluidité et la compréhension globale de ce qui se passe. Christian de Metter (No Body, Rouge comme la neige) propose en revanche un graphisme très réussi, puissant, réaliste et jouant sur les effets d’ombre et de lumière.
Au final, on reste un peu sur notre faim, malgré une conclusion sous forme de cliffhanger qui incite à réserver son jugement pour la suite, qui devrait s’étaler dans trois autres volumes.
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