Texas Blood #1
Dur de réduire un auteur à son héritage familial. Et en même temps, difficile de contester que Jacob Phillips a de qui tenir tant la filiation avec les oeuvres de son père Sean (Pulp, Kill or be killed…), est évidente à la lecture de Texas Blood. Dans cette petite perle noire, on retrouve l’esprit et la manière des romans graphiques signés par son paternel avec son complice de toujours Ed Brubaker. C’est auprès d’eux d’ailleurs que Jacob s’est fait la main en tant que coloriste par exemple sur Criminal.
Le jeune dessinateur ne s’est pas lancé tout seul dans l’aventure et fait ici équipe avec un scénariste britannique, Chris Condon, pour raconter avec brio une sordide histoire de petites crapules au fin fond d’un Texas plus poisseux tu meurs. Le décor ici à toute son importance et rappelle certes le traitement du duo Brubaker-Phillips senior, mais aussi sacrément les films des Coen, de John Sayles ou des séries comme Justified ou Breaking Bad. Ici tout est affaire de famille, d’argent, de violence et de larmes… Et à la croisée de tout cela, deux protagonistes appelés à se côtoyer : un shérif vieillissant, Joe Bob Coates, confronté à une vague de morts violentes endeuillant son comté, et Randy Terrill, un enfant du pays exilé à la ville, sommé de revenir au bercail fouiller dans un passé qu’il aurait préféré laisser derrière lui.
Ce premier tome de ce qui est envisagé comme une série se déroule avec une langueur toute sudiste dans une mise en scène qui ne se hâte jamais, prenant le temps de laisser ses éprouvantes vérités se faire jour avec encore plus de force, comme il se doit dans tout récit noir qui se respecte. Et celui n’en manque pas, de respect pour le genre. Chris Condon excelle à camper des personnages en quelques cases et, à bonne école, Jacob Phillips soigne ses découpages même si étonnamment c’est sur la mise en couleurs qu’il déçoit le plus, un peu facile dans ses choix d’aplats digitaux, alors même que ses couvertures compilées en fin d’ouvrage posent une ambiance plus percutante qu’on aurait aimé retrouver tout au long du livre. Certaines planches n’en restent pas moins très inspirées. Qu’on se rassure, l’héritage de la paire Brubaker-Phillips est entre de bonnes mains.
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