The Dovecote express
Davy est heureux de voyager dans un train dont il ne voit pas le bout, jusqu’au moment où il pénètre dans un wagon-lit dans lequel plusieurs personnes agonisent et semblent mener une mission majeure. Davy n’y comprend rien et retourne apeuré vers ses parents. De retour en queue de train avec eux et le contrôleur, tout semble avoir disparu !
Huis clos ferroviaire inspiré par la destinée des pigeons voyageurs durant la Seconde Guerre mondiale, mis en scène comme une pièce de théâtre et se construisant comme un rêve éveillé, The Dovecote Express retranscrit l’horreur de la guerre, notamment pour ces messagers des cieux, le temps d’une métaphore surprenante de bout en bout. Dans des envolées lyriques que ne renierait pas Shin’ichi Sakamoto (Ascension, Innocent…), Ikuko Hatoyama rejoue l’Histoire dans une construction sophistiquée et alambiquée le temps d’un audacieux exercice de style qui mêle onirique et mélancolie ésotérique.
Troublant, son récit nébuleux demande un certain lâcher-prise tant sa construction et ses dialogues habités et/ou abscons peuvent déstabiliser. C’est attaqué dans sa compréhension que le lecture blessé continue son voyage en quête du message porté par l’autrice. Il se révèlera dans un flot de paroles mystérieuses, un peu comme ces pigeons voyageurs humanoïdes laissés à la merci des champs de bataille pour accomplir leur mission.
Après la parution d’À tire-d’aile, les éditions Noeve grafx continuent de nous faire découvrir les mangas si particuliers d’Ikuko Hatoyama grâce à des éditions grands formats au traitement soigné pour un ovni qui risque autant de diviser que d’émerveiller. Pour renforcer son propos mystérieux et ses procédés fantastiques, l’autrice s’appuie sur son coup de crayon raffiné. Ses illustrations et ses propositions de mises en pages audacieuses sont d’une élégance rare et tranchent avec l’âpreté du sort de ses volatiles. Son graphisme soigné aux contrastes appuyés a une esthétique qui rappelle le temps de la Belle Époque, comme si la lumière d’Auguste Renoir rencontrait Suehiro Maruo (Vampire, Tomino la maudite, L’Enfer en bouteille…) le temps d’une danse poétique et macabre.
© Ikuko Hatoyama 2016 OHTA BOOKS © Noeve Grafx – Traduction : Yukari Maeda et Patrick Honnoré
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