Le scénariste Jason Aaron, star de l’écurie Marvel (Thor, Wolverine) et génie du noir indé (Scalped, Southern Bastards), aime les récits virils. Mais jamais il n’était allé aussi loin dans la brutalité que dans ce Goddamned aux accès de sauvagerie d’ampleur biblique. On n’en dira pas plus sur l’identité des figures croisées si ce n’est que l’on en est aux premiers temps de l’humanité quand commence ce récit de fantasy post- (ou plutôt « pré-« ) apocalyptique. La figure classique du cowboy solitaire embarqué contre son gré dans une mission pour sauver la veuve et l’orphelin a ici les traits d’un guerrier qui ne peut pas mourir. Et va pouvoir décimer à lui seul des hordes de barbares à la Mad Max.

Aaron retrouve ici au dessin son partenaire de Scalped, R.M. Guéra, et leur complicité de longue date fait des merveilles : au service des ambitions épiques déployées par son camarade, l’artiste serbe se lance dans des séquences délirantes de détail, aux plans larges peuplés de milliers de figurants. Renversante graphiquement par moments, The Goddamned estomaque surtout par le pessimisme assumé de son propos. Du noir, du vrai. Et du grand !