The Grocery #2
Le premier tome avait été une véritable claque. Le deuxième produit le même effet. La rue, la drogue, l’extrême violence toujours, celle des criminels comme celle de la société capitaliste (on est ici en pleine crise post-subprimes). Auxquelles s’ajoutent l’univers carcéral et l’accentuation de la guerre des gangs. S’inspirant des séries télé Sur écoute (The Wire en VO) et Oz, le scénariste Aurélien Ducoudray (Championzé, La Faute aux Chinois) mêle avec audace une description imagée du pire de la société américaine, un récit de gangsters bien musclé, une histoire d’adolescents perdus, et même un peu d’humour. Ce n’est plus une claque, c’est un coup de poing.
Car à la noirceur du récit s’adjoint un graphisme résolument original et percutant, signé Guillaume Singelin (Pills, Doggybags) . Ses personnages auraient pu être des marionnettes ou des peluches dans un monde rose bonbon. Mais ici, ils portent flingues et couteaux, et n’hésitent pas à battre à mort ou couper des gorges pour servir leurs intérêts. Grâce à des décors riches de détails et de textures léchées, un découpage et des cadrages parfaitement choisis, et un trait d’une souplesse et d’une expressivité rares, il offre des séquences spectaculaires à couper le souffle en même temps que des scènes plus posées convaincantes. Ensemble, les deux auteurs développent un feuilleton choral bluffant, une bande dessinée unique en son genre qui a su digéré toute une part de la culture américaine contemporaine pour trouver une place bien à elle dans le paysage francophone. Avec Freak’s Squeele et Mutafukaz, The Grocery s’impose comme une des plus belles réussites du label 619 dirigé par Run. Un must.
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