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The Invisible Kingdom #1

14 décembre 2020 |
SERIE
The Invisible Kingdom
ALBUM
Le Sentier - 1
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
17.90 €
DATE DE SORTIE
14/10/2020
EAN
2378872518
Achat :

the-invisible-kingdom_image1 Amazon semble décidément avoir détrôné Google pour le titre de grand méchant préféré en fiction et être devenue la cible principale des allégories dénonçant les dérives de nos sociétés contemporaines. Dans l’univers SF de The Invisible Kingdom, il ne faut pas chercher très loin pour identifier la firme de Jeff Bezos derrière Lux, multinationale toute puissante qui, en contrôlant le marché du transport entre quatre planètes, a mis la main sur l’économie et plus généralement les consciences de tous les habitants de ce système solaire. La consommation y apparait comme seul horizon philosophique. Ce qui n’empêche pas la survie, à la marge, d’une religion archaïque nommée la Réconciliation, qui prône de ses nonnes une obéissance totale jusqu’à l’aveuglement. Au sens premier, en leur imposant d’immenses coiffes qui leur masquent les yeux façon The Handmaid’s Tale. The Invisible Kingdom va observer l’équilibre de cet univers vaciller via la trajectoire d’une jeune femme tout juste entrée en religion, et celle de la capitaine d’un vaisseau chargée des livraisons pour Lux.

Les enjeux sont galactiques, via la découverte d’une machination reliant Lux au clergé de la Réconciliation, et pourtant, The Invisible Kingdom ne décolle jamais vraiment. G. Willow Wilson, brillante scénariste capable d’écrire d’une plume si aérienne de beaux personnages féminins (dans la série Air ou bien en réinventant Miss Marvel sous les traits de la désormais incontournable Kamala Khan), peine ici à faire émerger même une seule voix de son casting, y compris celles de ses deux héroïnes. Il faut de toute manière trop longtemps pour qu’enfin leur chemin se croise, et encore, de manière forcée, comme à peu près tout ici : les scènes intimistes traitées en mode soap opera en minimum syndical, aussi bien que les scènes d’action. Les combats aériens à ce titre se concluent souvent sur une ligne de dialogue qui vient expliciter ce que quatre cases n’ont pas réussi à rendre compréhensible. Le talent du dessinateur Christian Ward n’est pas en cause, aussi à l’aise que dans sa série Ody-C pour designer vaisseaux, paysages cosmiques et accoutrements futuristes et les mettre joliment en couleur dans une palette digitale vibrante qui rappelle Saga. Mais le cœur des deux auteurs – et leur coordination – n’y est pas vraiment. Cette série B déroule son intrigue sans tempo, sans vraiment d’âme, ses pistes spirituelles à peine effleurées. Rien de transcendant en somme.

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