The New Deal
À New-York, l’hôtel Waldorf Astoria accueille une clientèle huppée, et, malgré le choc de la crise de 1929, tout semble aller pour le mieux dans cette gentry américaine. Pour Franck, le groom, jeune irlando-américain, c’est autre chose : c’est le système D qui prévaut, et on n’est jamais bien loin de la pauvreté et de la petite criminalité. Quant à Theresa, femme de chambre noire, elle est, malgré son rôle dans le Macbeth vaudou d’Orson Welles – maigre pansement financé par l’administration Roosevelt sur les plaies d’une crise qui touche avant tout les catégories les plus défavorisées – victime de ségrégation au quotidien. L’arrivée de la mystérieuse Nina, femme fatale aux accents de Rita Hayworth et de Catwoman, va-t-elle rebattre les cartes et créer les conditions d’une nouvelle donne ?
Jonathan Case est un auteur de comics américain – Dear Creature, Green Killer River, Batman ’66 – fortement influencé par le graphisme de ses compatriotes. Rien que l’allure de Nina nous remémore les silhouettes vénéneuses des héroïnes de DC ou Marvel. Dans une monochromie bleutée, qui nuance le noir et blanc et permet une plus large palette, le dessinateur livre un ouvrage à la fois élégant et à la ligne compréhensible au premier regard. On s’attache aux personnages, essentiellement : pas de débauche de décors. Le propos est sobre et riche : la ségrégation, la pauvreté, le sexisme… Ce n’est pour autant pas un ouvrage social car l’aspect polar reprend le dessus avec des héros en nuances, jamais totalement victimes. Voilà donc un one-shot très américain – et par l’histoire, et par le graphisme – globalement réussi.
Publiez un commentaire