The Nice House on the lake #1
La pandémie de Covid-19 inspire fatalement les scénaristes et a même engendré un sous-genre en soi, la fiction de confinement, incarnée récemment à l’écran par le polar Glass Onion. Publié à peu près en même temps et donc conçu parallèlement, The Nice House on the lake partage d’étonnantes similitudes avec ce long-métrage disponible chez nous sur Netflix. À commencer par le fait de situer son action en 2021 et d’assumer jusqu’aux masques FFP2, portés le temps d’une petite scène.
Le postulat de départ est quasi le même que dans le film de Rian Johnson : en lieu et place d’une villa insulaire au large de la Grèce où se retrouvent réunis plusieurs vieux potes à l’invitation d’Edward Norton, ici c’est une baraque de rêve dans le Wisconsin que 10 amis rejoignent pour l’été sur la proposition d’une connaissance commune, Walter. Bien sûr, rien ne va se dérouler comme prévu. La maison se révèle riche en surprises et les protagonistes vont aller de révélation en révélation, notamment concernant leur singulier hôte.
Difficile d’être plus précis sans gâcher le plaisir de cette mystery box qui révèle l’ampleur de sa sophistication au fil des pages. Le décidément doué James Tynion IV (Something is killing the Children, Departement of Truth) a imaginé chaque pièce de son puzzle avec minutie et les rebondissements sont d’une efficacité diabolique. Et là où Rian Johnson ne dépasse jamais vraiment dans Glass Onion la satire rigolarde, en observant non sans cynisme à travers les yeux de Daniel Craig sa bande de potes se déchirer, Tynion lui, décortique avec acuité et beaucoup de sensibilité les liens d’amitié entre ses personnages, notamment via des monologues bien sentis brisant le quatrième mur, et des flashbacks éclairants.
Tynion et le dessinateur Alvaro Martinez Bueno, très inspiré, ne passent pas non plus à côté des pistes émotionnelles et narratives que permet aujourd’hui d’explorer le huis clos pour nous tous, confrontés ces dernières années comme jamais peut-être, collectivement et individuellement, à l’enfermement. De cette « Cabane dans les bois » cossue qu’ils ont imaginée, on ne s’en va pas facilement et les deux auteurs jouent en permanence avec ce que cela a de terrifiant et de rassurant.
Haletant, spectaculaire et, en même temps, subtil et semé de réflexions très pertinentes sur l’époque que nous vivons, ce récit complet dont on attend la seconde partie avec impatience (elle est annoncée pour mars), restera assurément comme l’une des meilleures choses que nous ait apportées la Covid. On est pas mal, avouons, dans cette cette jolie maison au bord du lac.
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