The Wrenchies
En entrant dans cette grotte, Orson et Sherwood ont tout simplement précipité l’humanité vers sa perte. Mais comment auraient-ils pu savoir, ces gamins avides d’aventure et d’émotions fortes, qu’ils ouvriraient la porte à un monde de cauchemars en se débarrassant d’un dégoûtant elfe noir ? Bien longtemps après, ou dans une autre réalité, qui sait, la terre n’est plus que ruines et les enfants n’atteignent pas l’âge adulte. Car ils sont traqués par des insectes suintants, des zombies coriaces et les flippants Shadowmen, sorte de vampires en costume noir, qui viennent leur sucer l’étincelle de vie.
Voilà un album qui ne ressemble à aucun autre, un conte initiatique barré et foisonnant, pétri de pop culture et d’angoisses adolescentes. Cet épais comics pages alterne en effet le survival post-apocalyptique à hauteur d’enfants, le délire introspectif lovecraftien, la saga de SF perchée, l’épopée vidéoludique… Le tout mixé dans un audacieux cocktail de mise en abyme, de méta BD et de chronique intime. Évidemment, un tel mélange se révèle par moments indigeste, par la somme de thèmes et de genres abordés. Ça part dans tous les sens, ça bavarde beaucoup, et on est parfois éreinté et/ou perdu dans ces quelque 300 pages. Mais tout fini par retrouver un semblant d’ordre et de cohérence, enfin suffisamment pour que le lecteur retombe à peu près sur ses pieds. Et surtout, on reste scotché devant une mise en scène si vertigineuse, tout en restant sensitive et émotionnelle. Le dessin de l’Américain Farel Dalrymple (John Prophet), riche de détails et d’inventivité, est pour beaucoup dans la réussite de cet album, véritable cri d’amour pour la culture adolescente, des comics aux jeux vidéos, en passant par la littérature d’aventure et d’horreur. Une perle rare.
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