Thoreau, la vie sublime *
Par A. Dan et Maximilien Le Roy, Le Lombard, 20 €, le 31 août 2012.
Henry David Thoreau est un personnage passionnant : enseignant, naturaliste, poète, philosophe, il est surtout connu pour s’être retiré, en 1845, dans une cabane près de l’étang de Walden (Massachussetts) — où il vécut deux ans durant en quasi autarcie. Il est aussi considéré comme le père de la désobéissance civile, pour avoir refusé de payer pendant six ans la taxe gouvernementale, s’opposant ainsi à un État qu’il considérait (à raison) comme esclavagiste.
Dans cette première collaboration de Maximilien Le Roy et A. Dan (Tahya El-Djazaïr), ce dernier est chargé d’apporter le souffle des grands espaces : ses paysages sont réussis, et l’on sent la jouissance de Thoreau lorsqu’il est en contact avec la nature. On peut simplement regretter un trait trop classique là où on n’aurait attendu plus d’onirisme et d’audace. Au scénario, Maximilien Le Roy (Nietzche, Faire le mur) tente d’éclairer des épisodes méconnus de la vie du philosophe : celui-ci n’était pas qu’un naturaliste béat, mais aussi un abolitionniste militant — il a aidé des esclaves à s’enfuir vers le Canada.
Le scénariste choisit de faire un récit volontairement très elliptique de la vie de Thoreau, en racontant quelques moments seulement (la cabane de Walden, la nuit en prison après le refus de payer la taxe, la défense de l’abolitionniste John Brown…). Ce faisant, il met en scène un personnage qui paraît étrangement dénué de chair. Et l’on en apprend finalement bien plus dans l’avant-propos et l’interview accompagnant l’album que dans celui-ci. Ce qui met cruellement en lumière la faiblesse de la trame narrative…
Dès l’avant-propos, Maximilien Le Roy exprime clairement son désir de faire de la vie de Thoreau un écho vibrant à l’actualité. Il souhaite présenter le philosophe comme un modèle de subversion, et n’épargne d’ailleurs pas au lecteur une injonction moralisatrice (« Il ne suffit plus de s’indigner! »). C’est un échec : la complexité du sujet semble avoir dépassé les auteurs, et laisse le lecteur perplexe. À tout prendre, ce dernier préférera aller simplement lire un livre de Thoreau.
Mélanie Monroy
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