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8 Comments

« Tintin » habilement globalisé par Spielberg

26 octobre 2011 |

Rarement une adaptation de bande dessinée aura été autant attendue, voyant chacune des informations ou images la concernant abondamment commentée. Voilà donc enfin la concrétisation de ce projet dans les tuyaux depuis 1983, et contrarié par la mort d’Hergé : l’interprétation par le cinéaste Steven Spielberg de l’univers de Tintin – en salles ce mercredi 26 octobre.

tintin_afficheHabilement, l’introduction des Aventures de Tintin : Le Secret de la licorne fait la transition entre la 2D des albums d’Hergé et le rendu réaliste de la motion capture 3D (qui utilise les mouvements d’acteurs en chair et en os pour les « traduire » en images de synthèse). On y voit même Georges Rémi sur ce qui ressemble fort à la place du Jeu de Balle – probablement transposée en Angleterre, à en juger par l’accent des protagonistes et leur monnaie, le pound -, en train de croquer Tintin tel qu’il est représenté dans ses albums. Quelques minutes à peine suffisent pour adopter ce nouveau reporter à houppette (campé par Jamie Bell), bien plus humain que son double de papier, d’une candeur parfaite, jamais irritante.

Le voilà embarqué pour une aventure trépidante de près de deux heures, qui entremêle trois albums : Le Crabe aux pinces d’or, Le Secret de la licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge. Prenant – forcément – quelques libertés avec les oeuvres originales, les scénaristes du film (Steven Moffat, Edgar Wright et Joe Cornish) ne trahissent toutefois pas leur esprit. Solitaire au début de l’aventure, Tintin fait l’acquisition d’une maquette de navire convoitée par le fourbe Sakharine – impeccablement habité par Daniel Craig. Personnage secondaire de l’album, le voilà élevé au rang de grand méchant retors, au même titre qu’un Rastapopoulos par exemple. Il embarque de force Tintin sur le Karaboudjan, où il retient aussi prisonnier (de l’alcool) un certain Capitaine Haddock.

(L to R) Captain Haddock (Andy Serkis) and Tintin (Jamie Bell) in THE ADVENTURES OF TINTIN: THE SECRET OF THE UNICORN.Affublé d’un accent écossais à couper au couteau (« Thundering typhoons ! », hurle-t-il en roulant le « r » en v.o. – pour « mille sabords »), Haddock vole régulièrement la vedette à Tintin. En l’absence notable et regrettable de l’inénarrable Tournesol, dont la surdité hilarante aurait permis de rendre l’ensemble bien plus drôle, il est – plus que les Dupondt ou le malin Milou, très correctement mis en valeur – le principal élément comique du film. Indécrottable buveur de whisky, il ose même une saillie grivoise (aurait-elle choqué le pudique Hergé ?) dans une scène très amusante : alors que Tintin tente de récupérer des clés auprès de marins hostiles endormis – mais très mouvants -, le capitaine imbibé lui conseille de se méfier d’un ancien berger, « pris en flagrant délit de saute-mouton ».

(L to R) Snowy and Captain Haddock (Andy Serkis) in THE ADVENTURES OF TINTIN: THE SECRET OF THE UNICORN.Coaché par Tintin, Haddock – toujours lui – tente d’élucider le mystère des parchemins cachés dans les mâts de navires miniatures. Lui seul peut résoudre l’énigme, puisqu’il est le descendant du Chevalier de Hadoque, opposé par le passé au cruel Rackham le Rouge. Désintoxiqué de l’alcool après un passage à vide – ou à sec, plutôt – dans le désert, le capitaine retrouvera ses souvenirs enfouis en sirotant à nouveau du whisky.

Et c’est là que le film, jusqu’ici captivant, amusant et même poétique (notamment dans une belle séquence où Spielberg fait surgir d’un choc des moineaux, prestement encagés par un oiseleur), nous perd un peu. Après une superbe bataille navale (Rackham contre Hadoque, surgis de la mémoire de Haddock) ou une magnifique traversée des dunes – ah, la sueur dégoulinant parfaitement sur le visage du Capitaine ! -, nos héros partent pour le Maroc (où surgira furtivement Omar Ben Salaad, sous les traits duquel on peine à reconnaître Gad Elmaleh).

(L to R) Snowy and Captain Haddock (Andy Serkis) in THE ADVENTURES OF TINTIN: THE SECRET OF THE UNICORN.La manoeuvre permet de jouir de décors impeccables, et de profiter dans une scène fort ingénieuse de la voix du rossignol milanais Bianca Castafiore – qui chante bien du Gounod, mais un extrait de Roméo et Juliette plutôt que le fameux air des Bijoux de Faust. Seulement, l’action pétaradante semée au gré de courses-poursuites bien trop longues finit par doucher un peu l’enthousiasme ressenti.

Et la chute, ouvrant la porte à d’autres films (c’est une trilogie qui est prévue), confirme l’aspect « blockbuster » du projet, destiné à conquérir sans détour les spectateurs de 7 à 77 ans. Malgré ce bémol, ces Aventures de Tintin emportent l’adhésion grâce à de nombreuses qualités. Dont, contre toute attente, un rendu graphique à peine troublant et tout à fait convaincant, porté par une 3D rehaussant discrètement les scènes de bravoure. Malgré le tapage, de la belle ouvrage.

Laurence Le Saux

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Les Aventures de Tintin : Le Secret de la licorne
Long-métrage de Steven Spielberg, d’après les albums d’Hergé. Scénario de Steven Moffat, Edgar Wright et Joe Cornish. Avec Jamie Bell, Andy Serkis, Nick Frost, Daniel Craig, Simon Pegg, Toby Jones, Mackenzie Crook…
En salles le 26 octobre 2011. Durée : 1h47.

Images © Sony Pictures.

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The Adventures of Tintin: The Secret of the Unicorn


Commentaires

  1. François Pincemi

    Hum, vous avez de la chance d’avoir vu en avant-première ce blockbuster trés attendu. Mais bon, cela ne fait rien, je vais encore attendre deux semaines! A vous lire, vous avez été agréablement surprise par ce film. Personnellement, cela ne me gêne pas que les cinéastes aient pris quelques libertés vis-à-vis des albums originaux que je connais de toutes façons par coeur, pour les avoir lus et relus des dizaines de fois depuis les cinquante dernières années. Le motion-picture et la 3D ne m’effraient guère plus, s’il s’agit de gadgets technos, ils peuvent donner de bons résultats dans des mains expertes. En allant le voir, je voudrai observer avec curiosité la vision de deux maitres du cinéma sur l’oeuvre hergéenne. Je ne leur demande pas de faire copie conforme, après tout, Canal Plus et les studios Ellipse ont déjà adapté en dessins animés la plupart des albums de Tintin. Ce film devrait à mon avis faire au minimum quatre millions d’entrées en France, quant aux recettes mondiales du box-office, je les situe au delà des 700 millions de dollars. Tintin est universel, c’était le seul rival du général de Gaulle, il convient de le rappeler, même si c’est aussi une des oeuvres les plus distrayantes et énigmatiques de la bande dessinée belge.

  2. François Pincemi

    Hum, vous avez de la chance d’avoir vu en avant-première ce blockbuster trés attendu. Mais bon, cela ne fait rien, je vais encore attendre deux semaines! A vous lire, vous avez été agréablement surprise par ce film. Personnellement, cela ne me gêne pas que les cinéastes aient pris quelques libertés vis-à-vis des albums originaux que je connais de toutes façons par coeur, pour les avoir lus et relus des dizaines de fois depuis les cinquante dernières années. Le motion-picture et la 3D ne m’effraient guère plus, s’il s’agit de gadgets technos, ils peuvent donner de bons résultats dans des mains expertes. En allant le voir, je voudrai observer avec curiosité la vision de deux maitres du cinéma sur l’oeuvre hergéenne. Je ne leur demande pas de faire copie conforme, après tout, Canal Plus et les studios Ellipse ont déjà adapté en dessins animés la plupart des albums de Tintin. Ce film devrait à mon avis faire au minimum quatre millions d’entrées en France, quant aux recettes mondiales du box-office, je les situe au delà des 700 millions de dollars. Tintin est universel, c’était le seul rival du général de Gaulle, il convient de le rappeler, même si c’est aussi une des oeuvres les plus distrayantes et énigmatiques de la bande dessinée belge.

  3. François Pincemi

    Hum, vous avez de la chance d’avoir vu en avant-première ce blockbuster trés attendu. Mais bon, cela ne fait rien, je vais encore attendre deux semaines! A vous lire, vous avez été agréablement surprise par ce film. Personnellement, cela ne me gêne pas que les cinéastes aient pris quelques libertés vis-à-vis des albums originaux que je connais de toutes façons par coeur, pour les avoir lus et relus des dizaines de fois depuis les cinquante dernières années. Le motion-picture et la 3D ne m’effraient guère plus, s’il s’agit de gadgets technos, ils peuvent donner de bons résultats dans des mains expertes. En allant le voir, je voudrai observer avec curiosité la vision de deux maitres du cinéma sur l’oeuvre hergéenne. Je ne leur demande pas de faire copie conforme, après tout, Canal Plus et les studios Ellipse ont déjà adapté en dessins animés la plupart des albums de Tintin. Ce film devrait à mon avis faire au minimum quatre millions d’entrées en France, quant aux recettes mondiales du box-office, je les situe au delà des 700 millions de dollars. Tintin est universel, c’était le seul rival du général de Gaulle, il convient de le rappeler, même si c’est aussi une des oeuvres les plus distrayantes et énigmatiques de la bande dessinée belge.

  4. Francois Pincemi

    Hum, j’ai assisté le premier jour à sa présentation en salles en France. Salle remplie à 70% vers 17h30 (public inter-générationnel, quelques jeunes enfants accompagnés de parents). Après quelques pubs en 3D, histoire d’amortir le coût de fabrication des lunettes, le film démarre enfin. Bonne surprise, le générique est un dessin animé à l’ancienne en ombre chinoise, qui rend un hommage justifié au jeune reporter. Puis le film démarre: Tintin se fait caricaturer par un auteur qui n’est autre que Hergé (le portrait est évidemment ressemblant!). Tintin remarque une splendide maquette de Licorne et l’achète (40 francs belges. Hum, Spielberg doit confondre la Belgique avec une de ses colonies…). Sakharine intervient peu de temps après, pour racheter la maquette. Bizarre, je trouve que ce Sakharine ressemble à Spielberg, même s’il est joué par Daniel Craig. Je ne vais pas vous raconter tout le film, sachez qu’il s’agit d’une synthèse audacieuse de trois albums, avec de nombreuses allusions aux autres. Là où Spielberg respecte le propos du Maître, il est excellent, mais il prend parfois des initiatives, c’est parfois assez insolite (séquence des marins endormis qui dégringolent de couchette en couchette, par exemple). Hadock est excellent, il crève l’écran et mériterait un Oscar pour sa prestation. Seul hic: s’il s’adonne toujours à l’alcoolisme, il a cessé de pratiquer la pipe. De nombreuses séquences d’action, parfois efficaces, mais un peu longues (visiblement, Spielberg pense à l’utilisation que pourront en tirer les développeurs de jeux-vidéos sur console). La Castafiore livre une prestation inoubliable, même si je ne l’inviterai pas chez moi! Voila un bon film qui livre une ré-interprétation visible des aventures de l’immortel Tintin. François Pincemi, moins de 77 ans, et toutes ses dents!°)

  5. Francois Pincemi

    Hum, j’ai assisté le premier jour à sa présentation en salles en France. Salle remplie à 70% vers 17h30 (public inter-générationnel, quelques jeunes enfants accompagnés de parents). Après quelques pubs en 3D, histoire d’amortir le coût de fabrication des lunettes, le film démarre enfin. Bonne surprise, le générique est un dessin animé à l’ancienne en ombre chinoise, qui rend un hommage justifié au jeune reporter. Puis le film démarre: Tintin se fait caricaturer par un auteur qui n’est autre que Hergé (le portrait est évidemment ressemblant!). Tintin remarque une splendide maquette de Licorne et l’achète (40 francs belges. Hum, Spielberg doit confondre la Belgique avec une de ses colonies…). Sakharine intervient peu de temps après, pour racheter la maquette. Bizarre, je trouve que ce Sakharine ressemble à Spielberg, même s’il est joué par Daniel Craig. Je ne vais pas vous raconter tout le film, sachez qu’il s’agit d’une synthèse audacieuse de trois albums, avec de nombreuses allusions aux autres. Là où Spielberg respecte le propos du Maître, il est excellent, mais il prend parfois des initiatives, c’est parfois assez insolite (séquence des marins endormis qui dégringolent de couchette en couchette, par exemple). Hadock est excellent, il crève l’écran et mériterait un Oscar pour sa prestation. Seul hic: s’il s’adonne toujours à l’alcoolisme, il a cessé de pratiquer la pipe. De nombreuses séquences d’action, parfois efficaces, mais un peu longues (visiblement, Spielberg pense à l’utilisation que pourront en tirer les développeurs de jeux-vidéos sur console). La Castafiore livre une prestation inoubliable, même si je ne l’inviterai pas chez moi! Voila un bon film qui livre une ré-interprétation visible des aventures de l’immortel Tintin. François Pincemi, moins de 77 ans, et toutes ses dents!°)

  6. rocketsaba

    Moi, jy suis allée avec mes filles et leurs papa,. Le papa a eu du mal à rentrer dans l’histoire mais a beaucoup apprécié la 3d et la motion capture. Pour notre part, fan de Tintin sans être de Tintinophile, on s’est régalé, la 3D donnant un plus incontestable à cette oeuvre cinématographique !!

  7. rocketsaba

    Moi, jy suis allée avec mes filles et leurs papa,. Le papa a eu du mal à rentrer dans l’histoire mais a beaucoup apprécié la 3d et la motion capture. Pour notre part, fan de Tintin sans être de Tintinophile, on s’est régalé, la 3D donnant un plus incontestable à cette oeuvre cinématographique !!

  8. rocketsaba

    Moi, jy suis allée avec mes filles et leurs papa,. Le papa a eu du mal à rentrer dans l’histoire mais a beaucoup apprécié la 3d et la motion capture. Pour notre part, fan de Tintin sans être de Tintinophile, on s’est régalé, la 3D donnant un plus incontestable à cette oeuvre cinématographique !!

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