To your eternity #1-7
La nouvelle série de Yoshitoki Oima (A Silent Voice) s’ouvre sur un pitch à la fois intriguant et déroutant. Un mystérieux personnage encapuchonné – est-ce un dieu ? – envoie sur Terre un être immortel, qui ne dispose pas de forme propre mais en acquiert de nouvelles en imitant les créatures qu’il rencontre. D’abord caillou, mousse puis loup, Imm, comme il sera plus tard baptisé, ne tarde pas à découvrir le monde des humains, et avec lui toute la beauté et la cruauté de la vie. Mais alors qu’il apprend et évolue de plus en plus au contact des gens qu’il rencontre, une question subsiste : qui est son étrange créateur, et quels sont ses desseins ?
To your eternity nous présente un héros pour le moins atypique, souvent plus témoin qu’acteur des histoires qu’il traverse, du moins au départ. Car ce que l’on pensait n’être qu’un outil de narration devient finalement un personnage à part entière, parfois même touchant et comique dans ses interactions maladroites avec le monde qui l’entoure.
Face à l’immortalité du héros, les autres protagonistes sont, eux, voués à être éphémères. La série est donc pensée comme une succession d’arcs plus ou moins longs, qui culminent souvent avec des adieux déchirants entre Imm et ses compagnons mortels. C’est ce changement de cadre et de personnages qui fait que l’intérêt de la série ne s’essouffle pas, alors que son fil rouge est pour l’instant assez ténu.
Tout cela est porté par le trait soigné et doux de Oima, qui nous plonge dans un monde de fantasy mélangeant des influences orientales et occidentales. Son sens du détail fait des merveilles dans les costumes et les environnements, et on la sent toujours aussi à l’aise avec les expressions, dont elle saisit les nuances avec brio.
Cependant, la deuxième partie de la série est pour l’instant plus mitigée, puisqu’au fur et à mesure que Imm s’humanise, son personnage devient plus convenu. Les arcs sont aussi globalement plus faibles, et certains empruntent plus lourdement aux codes du shônen. Même si l’auteure sait encore nous surprendre, on se demande bien où elle va nous mener… et si elle-même le sait.
To your eternity reste dans l’ensemble une bonne surprise. On espère juste que Yoshitoki Oima parviendra à exploiter pleinement le potentiel de son personnage, et à retrouver un peu de la poésie des premiers volumes.
FUMETSU NO ANATA E © Yoshitoki Oima / Kodansha Ltd.
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