Tomka, le gitan de Guernica
Avril 1937. Tomka le Gitan vient de tout perdre : sa femme, son enfant. Enrôlé par l’armée républicaine alors que la ville basque de Guernica vient de subir un déluge de bombes, il n’a plus qu’une idée en tête : retrouver les coupables pour venger sa famille. Entre la faim, les tirs et les ordres, il tombe sur Amalur, vaillante femme de l’armée basque dont il s’éprend aussitôt.
Sans s’attarder sur les origines de la guerre d’Espagne, les auteurs italiens Massimo Carlotto et Giuseppe Palumbo embarquent dans une romance passionnée sur fond de combats destructeurs. Au milieu, un gitan un peu là par hasard, dépassé par les événements et en proie à la haine nourrie par le désir de vengeance. Puis l’amour salutaire, antidote au drame et à la folie meurtrière. Ou le croit-on… Au cœur du conflit, le récit brasse les (trop nombreux) personnages – un syndicaliste noir, des troupes marocaines, des militaires zélés –, destins croisés de marginaux rattrapés par la folie sur le chemin de l’exil. Tous les ingrédients pour une jolie fresque historique étaient là mais on ne comprend guère les intentions de l’histoire : s’agit-il d’une réflexion sur la vanité de la guerre, un hommage aux disparus de la guerre d’Espagne et à leurs idéaux ? Une romance impossible, le destin de personnages à la marge ? Tomka et Amalur, aux allures fantomatiques ou théâtrales, peinent à incarner de quelconques sentiments et, globalement, l’album agrège des histoires sombres sans les relier, dans un romantisme un peu naïf et sans véritable propos pour les soutenir.
C’est d’autant plus que regrettable que le dessin de Giuseppe Palumbo séduit de bout en bout, sans toutefois réussir à exprimer la rage, la violence ou la douleur. Au pinceau ou à l’encre dans une ambiance ocre, l’auteur joue des effets de lumière et offre de beaux tableaux, plus illustratifs que moteurs d’une narration finalement bancale. Bref, à aucun moment on ne sent les auteurs trouver le bon tempo ou le ton juste. Bien dommage.
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