Déjà le tome 8 pour ce polar gourmand célébré par un Eisner Award. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après quatre ans d’existence en France, la série continue d’appuyer sur le champignon (hallucinogène ou pas !), les bonnes ou mauvaises intentions des uns succédant aux trahisons des autres. Tony Chu, plus dépressif que jamais, veut ici venger la mort de sa sœur Antonelle, dite Toni. Seulement voilà, Tony doit manger son orteil pour voir son meurtrier. S’engage alors une course folle pour cuisiner le malfrat. Mais entre le gallinacé Poyo, la Cipropanthropathe Sage (sœur de Toni), capable de voir les souvenirs de tout individu à proximité mangeant la même chose qu’elle et les Kigyoushuns, assassins aux ustensiles de cuisine, ce ne sera pas une mince affaire…

Narration survitaminée, dessin cartoon protéiné aux tronches délurées, trouvailles délirantes, effets de surprise en pagaille, ce nouveau tome maintient sans faiblir la recette du succès. Car personnages et micro-intrigues se donnent la réplique, les pouvoirs de chacun rythmant une intrigue pas si loufoque. Face à ce foisonnement à la limite de la surenchère, on en perdrait presque le fil. Mais, comble du bonheur, la petite touche émotion d’un Tony Chu apathique, réveillé par l’absorption d’un hallucinogène salvateur, vient équilibrer un ensemble frais et décalé. Bref, foutraque au possible sans être incohérent, le récit est servi par l’humour potache mais pas bête de Layman, épicé aussi par les centaines de clins d’œil insérés dans le décor. Un plat d’une légèreté trash, idéal pour l’été. À savourer avec les crocs.