Torpedo 1972
Lucas Torelli est un mafieux sicilien qui a régné, le temps d’une quinzaine d’opus, sur la pègre new-yorkaise des années 1930. On retrouve le cruel bandit dans les rues de New-York version 1972 (année de la sortie du Parrain, auquel il est parfois fait directement allusion). Le héros est plutôt défraîchi, atteint de la maladie de Parkinson et vivant dans un appart miteux avec son homme de main, pleutre et peu utile. Cependant, sa légende est telle qu’un journaliste bas de gamme et sa copine photographe cherchent à se rapprocher de l’homme. Pour le meilleur, pensent-ils…
Cet album signe le retour du personnage créé par Enrique Sanchez Abuli, après trente ans sans nouvelles histoires. Aux manettes, on retrouve l’auteur espagnol de plus de 70 ans – Alex Magnum, Sombres destins, l’Albinos, Capitaine Laguibole… – qui s’est, pour l’occasion, associé à Eduardo Risso, dessinateur aussi à l’aise dans le comics américain (Batman, Spider-Man, X-Men) que dans la BD indépendante (Lectures macabres, Point de rupture…)
Torpedo est un condensé de violences, sans beaucoup d’humour ni de recul. La scène de viol est plutôt complaisante et érotisée, la morale peu présente. On est quelque peu dérangé par cet album anachronique qui ne rend pas vraiment hommage – tout en s’y référant – aux modèles du genre. Cet Al Capone libidineux et dégueulasse ne suscite que répulsion. Or, cette absence de fascination n’est sans doute pas l’objectif recherché par les auteurs, car tout anti-héros se doit d’exercer un minimum d’attraction, tout au moins un léger intérêt. Reste une intrigue resserrée et nerveuse qu’accompagne le dessin typé d’Eduardo Risso. Cela ne permet pas toutefois d’acclamer ce retour plus que décevant de Lucas Torelli.
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Ce qui faisait le sel et la cruauté assumée de la série dans les années 80 a terriblement vieilli, les scènes de sexe non consenti étaient déjà pléthore, mais à l’époque MeToo, elle pique un peu les yeux. Torpedo a toujours été un fieffé salopard, mais ça passait mieux il y a 30 ans !
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Merci pour l’avertissement que la BD contient un passage pouvant réactiver un traumatisme. C’est effectivement une information importante, surtout si la gravité d’un acte de cette nature est minorée par les auteurs.
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