Tout est possible, mais rien n’est sûr
Vétille est jeune, jolie, bien entourée et vient d’obtenir son diplôme en communication. Le moment est venu de vivre de son art… mais à quel prix ? Accepter de faire des plaquettes publicitaires pour l’industrie automobile quand on fait partie d’un collectif anti-pub et qu’on est écolo… S’épuiser dans des jobs mal payés et humiliants pour faire bouillir la marmite… Entre un copain-gourou intransigeant – qui finit par vivre son rêve de décroissance seul dans une camionnette à la campagne – et son entourage qui la harcèle à coup de « ça y est, tu as trouvé du travail ? », Vétille tente de suivre son chemin. Et de s’en tenir à son éthique politico-écologique.
Vétille, c’est le double de Lucile Gomez, déjà connue des amateurs de BD sur les trentenaires urbaines (Les Fables de Belle Lurette, Tea for two) et des lecteurs de la série Les Autres Gens. Ses qualités d’illustratrice sont frappantes: les couleurs, les cadrages, tout est inventif, onirique. Que les cases explosent sous une luxuriance végétale ou qu’un personnage seul dans une foule urbaine rappelle la drôle de mélancolie de Sempé. Les dialogues sont malins, les personnages bien vus : mention spéciale à celui de Mathieu, un artiste génial et incompris représenté par les volutes de fumée dans lesquelles il se perd.
On est bien moins convaincu par le propos, pas très original et assez superficiel, sur les difficultés de l’entrée dans l’âge adulte. La réflexion sur l’écologie et la précarité des artistes est intéressante, mais à peine effleurée. Il ne manque finalement au charme de Lucille Gomez qu’un beau scénario…
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