Par Jaime Martin et Wander Antunes. Dupuis/Aire libre, 15,50 €, le 5 mars 2010.

La crise de 1929 a précipité l’Amérique et ses habitants dans un véritable enfer. Un enfer sur les routes duquel errent les enfants, abandonnés, orphelins ou cherchant à survivre seuls, sans être une charge pour leurs parents désespérés. Un enfer dans lequel les travailleurs vagabonds s’entassent dans des wagons de marchandise, en quête d’un hypothétique emploi. Un enfer qui pend les noirs, enferme les traîne-savates, viole les femmes isolées, abat les criminels supposés. Sur les routes poussiéreuses de ses chemins, le grand Tom affronte ses démons et marche peu à peu vers sa rédemption…

Le décor est connu, les personnages familiers. Les États-Unis de la Grande Dépression et la misère des fermiers et ouvriers ont déjà engendré nombre d’oeuvres de fiction. Qu’importe, on se laisse embarqué sans forcer par ce beau récit, aride mais terriblement humain. Tom, le corps sec et le visage émacié, prétend aimer la solitude, mais il ne peut s’empêcher d’aider son prochain, quel que soient son âge, sa condition ou sa couleur de peau. On s’identifie dès lors immédiatement à ce héros paumé, dont la quête (retrouver un enfant en fuite) va se transformer en chemin de croix. Le scénario du Brésilien Wander Antunes (auteur de plusieurs albums chez Paquet) ressemble à une accumulation de faits divers courants dans le sud des États-Unis dans les années 30, mais il est suffisamment bien ficelé pour qu’on y croit. Le trait épais et expressif de l’Espagnol Jaime Martin (Ce que le vent apporte) joue également sur l’adhésion immédiate que suscite ce one-shot, juste et touchant de bout en bout.

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