Ça y est, la Terre a pété les plombs. Séismes et tempêtes ont remodelé sa surface, et surtout des eaux toxiques ont jailli de ses profondeurs, entraînant des mutations parmi les espèces vivantes. Faune, flore et humains, mélangés avec des matières organiques ou des résidus industriels. Il n’est ainsi par rare de croiser des filles à tête de poule ou des hommes affublés d’une poutre à la place du bras ! Dans ce monde en proie à la violence, survit Poko, jeune garçon étonnant car accro aux eaux toxiques. Qui va se retrouver embarqué dans les complots de la cité portuaire de Siska, gangrénée par la mafia et les savants fous…

Voilà un premier tome qu’on aurait aimé aimer et défendre. Hélas, toutes les promesses du début se révèlent rapidement impossibles à tenir, dans un album pourtant financé à des centaines de contributeurs sur la plateforme Sandawe… L’auteur, Xavier (Root, Sticky Pants), plante ainsi un décor original et attrayant, parfaite toile de fond pour des aventures façon manga drôles et trépidantes. Hélas, l’humour potache fait long feu et fatigue déjà au bout du premier chapitre. Et le scénario manque de densité, de personnages suffisamment fouillés, d’enjeux véritablement palpitants. Ce qui se ressent dans la mise en scène, tantôt inutilement délayée et immobile, tantôt confuse et trop brouillonne – les codes du manga n’ont semble-t-il pas été bien digérés. Dommage car, au milieu de ces séquences mal ficelées, émergent quelques chouettes idées de situation, de beaux designs de personnages et des bagarres prometteuses… Mais ces quelques saillies sont noyées dans un volume tellement bancal qu’elles n’évitent pas un irrépressible sentiment d’ennui.