Akiko est une lycéenne pleine de vie et d’énergie, qui s’investit à fond dans le club de dessin de son établissement. Avec succès, car, sûre de son talent, elle se voit déjà mangaka, autrice de shôjo. Mais son rêve va vite se rabougrir quand elle commence à suivre des cours à l’extérieur afin de préparer les concours d’accès aux écoles d’art. Confrontée à un professeur tyrannique mais avec une vision poussée de l’art et de son histoire, elle va se rendre compte que son manque de maturité n’a d’égal que son médiocre bagage technique, et surtout que son dossier scolaire exécrable lui ferme les portes des facs les plus prestigieuses. L’heure de la remise en question a sonné.

Cette autobiographie à peine déguisée de l’autrice du Tigre des neiges (série récompensée au dernier Festival d’Angoulême) est impressionnante de fraîcheur, d’humour, de sincérité et de sensibilité. Avec son ton bien à elle, à la fois piquant et subtil derrière des apparences faussement bourrues, Akiko Higashimura brosse un autoportrait sans concession d’une gamine trop confiante, qui a délaissé le travail scolaire pour le dessin, mais a attendu la rencontre avec un dictateur du pinceau pour se réveiller. C’est ce duo qui fonctionne magnifiquement bien, car leur relation au départ tendue prend une dimension plus profonde page après page, le vieux prof se prenant de sympathique pour la jeune effrontée. Le choix d’une voix off en flashback épistolaire, suggérant l’évolution de cette relation au fil des ans, est une belle trouvaille. Et puis, il y a le dessin, bluffant d’expressivité. Qui réussit à mêler, avec grâce et légèreté, un soin pour les détails réalistes (dans les décors et les accessoires) et un attrait pour les ressorts du cartoon. Et ce, toujours au service de l’histoire et des sentiments. Une très belle réussite tout public, pour fans de mangas comme néophytes, pour aspirant artiste comme amateur de comédie sentimentale lycéenne.

KAKUKAKU SHIKAJIKA © 2011 Akiko Higashimura – SHUEISHA