Travelling Square District ****
Par Greg Shaw. Sarbacane, 23,00€, le 3 mars 2010.
Le principe est osé: situer une histoire entière – étalée sur 144 pages – dans un décor unique, celui d’une couverture, Travelling Square District, à la fois titre du livre et quartier d’une mégalopole imaginaire. Les personnages de cette BD évoluent donc dans un théâtre bien défini, composé d’une piscine, d’un musée d’art abstrait, d’un immeuble, une terrasse, un couloir graffité…
Le Belge Greg Shaw semble s’en donner à coeur joie dans cet ouvrage très formel: il multiplie les cases carrées de petite ou moyenne taille, zoomant et dézoomant à foison, passant d’un cadre à un autre. Son polar minimaliste et voyeuriste met en scène un meurtre, commandité par un mari trompé. Ce dernier est écouté par la police, à qui sa femme l’a dénoncé…
Hommage évident à Alfred Hitchcock (entre Le Crime était presque parfait et Fenêtre sur cour), Travelling Square District balade habilement sa caméra de scène en scène. Habillé par un trait sobre, son récit tient en haleine. Une fascination qui ne naît pas du dénouement attendu, mais de la virtuosité de l’auteur, magicien des planches qui ferre son poisson via la répétition, à la manière d’un Philip Glass de la bande dessinée.
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