Par EMG. Tanibis, 17 €, octobre 2012.

Habitué des livres curieux (voir notamment l’épatant Le Bus, sélectionné à Angoulême), l’éditeur lyonnais Tanibis propose un nouveau petit format à l’italienne étonnant, dont le graphisme renvoie au premier âge du jeu vidéo. Avec une image par page, le jeune auteur EMG conte le parcours semé d’embûches de deux amoureux pour se retrouver : lui vit dans une métropole de type occidental, elle dans une campagne du Sud. Checkpoint, contrôles d’identité abusifs, passeurs militants, administration obscure, ville-labyrinthe… Les retrouvailles semblent impossibles.

Avec ses perspectives folles, ses couleurs flashy, ses décors volontairement schématiques, ses personnages tout en angles et en facettes qui semblent évoluer en apesanteur, Tremblez enfance Z46 a tout d’un ovni. Même la construction du récit, qui met en scène deux trajectoires démarrant à chaque extrémité du livre pour se conclure en son centre, est osée. Mais ce n’est pas qu’une expérimentation graphique très réussie, c’est aussi un récit fort sur l’immigration et une poignante histoire d’amour. Comme quoi, on peut user d’un vocabulaire visuel emprunté à l’imagerie synthétique et numérique et produire des émotions.

Avec ses grandes cases et son texte concis, EMG rend hommage aux premières bandes dessinées de l’histoire, en même temps qu’il titille l’imaginaire vidéo-ludique de ceux qui ont connu les premières consoles de salon, les antiques ordinateurs personnels et les après-midi dans les salles d’arcade. Le pari était osé, le résultat est enthousiasmant. EMG est prêt à passer au niveau suivant.

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