Tristan et Yseult
Tristan, jeune garçon fougueux, terrasse un dragon qui empoisonnait la vie de toute une région. À son chevet, Yseult, jeune femme aux cheveux d’or, tente de remettre sur pied un jeune homme tout à fait à son goût. Mais voilà, si Tristan a débarqué par effraction, c’est pour son oncle, le roi Marc. Ce dernier veut épouser celle dont un cheveu d’or lui a été apporté par une hirondelle. Charge à Tristan de la retrouver. Mais, pour éviter les désagréments d’un mariage forcé, la mère d’Yseult, une magicienne, confie à sa fille un philtre d’amour…
Maintes fois adaptée ou réécrite, l’histoire de Tristan et Yseult (XIIe siècle) – véritable mythe de l’amour en Occident – confine à la légende. Fidèle au récit, Agnès Maupré au scénario (Les Contes du Chat Perché, Milady de Winter, Le Chevalier d’Eon) et Singeon au dessin (Bienvenue, Sauvetages) racontent une passion exaltée et contrariée entre deux personnes qui ne peuvent s’aimer que dans la mort. Le philtre condamnant deux ados en fusion cernés par la souffrance. Laissant de côté la dimension courtoise et polie, les deux auteurs optent pour une version charnelle voire sauvage de l’amour, sans toutefois verser dans le graveleux. Les parties de jambes en l’air, à la fois drôles et passionnées, révèlent un désir cru quand les textes, étudiés, distillent l’humour espiègle et la modernité par une vraie maîtrise des décalages. Intelligent et sensuel, l’album se distingue aussi par un découpage rythmé, des teintes légères et un graphisme délié. Déchaîné quand il le faut – épisode du dragon, scènes de lit, tempêtes – il se fait plus doux dans l’expression des sentiments, à l’image des couleurs, d’une douceur magnétique. Entre exploits épiques et force dévastatrice d’un amour impossible à consommer, cette relecture vive et moderne du mythe se savoure avec délice. Et donne envie de s’y replonger sans modération.
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