Trois albums à lire (ou pas) en septembre
Parmi la déferlante d’albums sortis depuis fin août, BoDoï en a déjà repéré un certain nombre et vous a dit ce qu’il en pensait. Mais certains livres sont passés entre les mailles du filet, quelques bons et pas mal de moins bons. Retour donc sur trois titres: Waterloo 1911 (Delcourt), Salamandre (Le Lombard) et Retranchés (Ankama).
Waterloo 1911 #1. Par Emiliano Zarcone et Thierry Gloris. Delcourt, 12,90 €.
Et si Napoléon n’avait point été défait à Waterloo et que sa dynastie avait pris les rênes d’un des plus puissants empires du monde? C’est cette idée qui sert de point de départ à la jolie uchronie Waterloo 1911. Mais très vite, ce postulat n’est plus qu’un décor à une enquête sanglante autour d’un objet précieux. Invoquant simultanément Sherlock Holmes, Tintin et Edgar Poe, le scénariste Thierry Gloris (Le Codex Angélique) fait naviguer son sculptural héros des égoûts parisiens à une maison close orientale, laissant de temps en temps des indices sur l’univers qu’il a inventé. Le dessin de l’Italien Emiliano Zarcone est très expressif et prend toute sa dimension avec les textures et couleurs de Virginie Blancher et Lorien. Une jolie surprise qui s’achève sur un suspense insoutenable.
Salamandre #1. Par Dimitri Armand et Thomas Cheilan. Le Lombard, 13 €.
Souvent, les premiers tomes ne font que brosser un univers et amorcer une intrigue. Frustrant. L’inverse est plus rare mais tout aussi déplaisant: à trop vouloir donner d’informations et multiplier les personnages, la confusion règne. C’est le gros défaut de Salamandre: dans un monde sans guerre, où la magie fait loi, de mauvais esprits gagnent du terrain et s’apprêtent à mettre un bazar sans nom… Dans lequel ne peut que se perdre le lecteur, séduit au départ par la plastique avantageuse de l’héroïne et le trait classique et efficace de Dimitri Armand (Angor), mais rapidement dépassé par une histoire dont on ne lui donne pas les clefs. À lire en prenant des notes et de l’aspirine.
Retranchés. Par Cafard. Ankama, 12,95 €.
Ankama, l’éditeur roubaisien de Mutafukaz, n’en finit plus de surprendre. Après les épatants Debaser et Freak’s Squeele, voilà Retranchés, premier album très mature du débutant Cafard. Il met en scène deux tableaux en parallèle: Jérôme, trentenaire en pleine dépression après que sa copine l’a largué; et une étrange guerre immobile, avec costumes napoléoniens et automates flippants. De manière assez limpide (certains diront trop flagrante), les images des tranchées représentent le champ de bataille qu’est la tête de Jérôme. Son esprit est plein de manques affectifs tels des trous d’obus. Il cherche un sens à sa vie tout seul comme les soldats cherchent une raison à leur guerre… Le dessin tortueux et hachuré, qui peut évoquer celui de Sardon et Boulet, est bien servi par une mise en couleurs judicieuse. Malgré quelques maladresses narratives, l’aller-retour entre fantasme et réalité fonctionne plutôt bien et pose Cafard comme un auteur prometteur.
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