Trois fils #1
Trois frères à l’allure étrange enchaînent leur père sur un îlot désert, et partent sans se retourner. Qui sont-ils? Que leur est-il arrivé? Pourquoi ont-ils pris la terrible décision d’abandonner leur géniteur à une mort certaine? Qui est ce vieillard au regard tantôt désespéré, tantôt mauvais comme la peste?
Après Renée, Ludovic Debeurme délaisse les décors réalistes et son noir et blanc épuré à l’extrême pour un conte cruel tout en couleurs directes, peintes. De grandes images, un texte réduit au minimum, mais toujours les obsessions graphiques chères à l’auteur : l’hybridation de l’homme avec la nature, les silhouettes hirsutes aux bras démesurés traînant au sol (vues notamment dans Le Lac aux Vélies), le rapport au père, ainsi qu’un goût certain pour le fantastique. Le parcours des trois rejetons, obligés de se débrouiller seuls dans une campagne inconnue, flirte en effet avec le bizarre, la raideur de leurs postures et la froideur de leurs propos contrastant avec le chatoiement chromatique des pages. Trois fils est un voyage hypnotique qui n’est pas un plat ego trip d’auteur, mais plutôt la matérialisation d’un genre de rêve dont on ne sait plus très bien s’il n’était pas finalement un cauchemar. Avec ce premier tome un peu frustrant de n’être qu’un premier tome, Ludovic Debeurme nous chante une complainte lancinante et violente, teintée d’amertume. Un blues surnaturel qui serre le coeur sans qu’on sache très bien pourquoi. De la magie noire avec des couleurs de feu.
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