Tropique de l’agneau **
Par Philippe Nicloux et mkdeville. Les Enfants rouges, 18€, le 28 janvier 2011.
Dès les premières pages, le lecteur est prévenu: quelque chose de terrible risque d’arriver au héros de cette bande dessinée, que l’on voit errer dans la jungle (sous une pluie au rendu graphique impressionnant) tandis qu’on tente de le tuer – façon Apocalypse Now comme il le dit lui-même.
Retour ensuite en arrière pour dérouler le fil de l’histoire de manière chronologique: Julien, sur le point de se marier, se traîne un aimable boulet en la personne de son demi-frère Armand, fêtard irresponsable. Ce dernier décide d’organiser un enterrement de vie de garçon inoubliable, et entraîne leur bande de potes sur une plage de rêve. Seulement, le voyage dégoté sur un site Internet fantôme leur réserve une surprise de taille: ils servent en fait de gibier à de richissimes chasseurs, prêts à payer une fortune pour tuer des humains…
Entre pochade post-adolescente et film d’horreur, Tropique de l’agneau nous entraîne sur un terrain à la fois glissant et plaisant. Même dans les scènes les plus noires, le ton reste léger – Julien et son frère sont adeptes de références cinématographiques, qu’ils balancent à tout bout de champ -, sans nuire à l’angoisse qui sourd du livre.
Servi par le trait de Philippe Nicloux (qui, en noir et blanc, passe d’une ambiance à l’autre assez habilement), le scénario de mkdeville ne convainc toutefois pas totalement. Caricaturaux, ses personnages ne prennent pas l’ampleur nécessaire pour provoquer l’adhésion du lecteur. Et des explications abracadabrantes concernant l’organisatrice de la chasse cassent le rythme du récit. Des réserves qui n’empêchent pas de passer un bon moment à la lecture de ce roman graphique de genre, empli de suspense.
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