Tyler Cross #2
Le premier Tyler Cross était emballant, il fut couronné de moult prix — et pour cause : il s’agissait d’un concentré d’action, d’intelligence narrative et d’habileté graphique. Forcément, c’est avec impatience et appréhension qu’on attendait la suite. En fait un one-shot, récit indépendant tout à fait lisible par lui-même. Car Tyler n’est pas de ces personnages auxquels on s’attache : le classieux malfrat n’est qu’un véhicule, utile à amener le lecteur dans une ambiance (celle du polar — très — noir dans l’album précédent), une dramaturgie très précisément définie.
Cette fois, c’est un « film » d’évasion que Fabien Nury (au scénario) et Brüno (au dessin) nous proposent de visionner. Embarqué dans « un coup sans risque, garanti sur facture », Tyler se retrouve piégé, et envoyé au bagne d’Angola. Une voix off neutre raconte le déroulement des événements, une construction graphique rigoureuse et forte — avec, souvent, de larges bandes — donne à voir le quotidien de cet enfer sur terre. Sont finement décrits la mécanique du bagne, sa hiérarchie, ses dangers et ses rares moments de paix. Tyler décrypte les codes, se fait sa place. Et décide assez vite de se faire la malle…
Moins rapide et virtuose que le premier tome, ce volume joue pleinement sur les codes du genre qu’il s’est choisi. On sent la moiteur d’Angola, la dureté des prisonniers, l’implacabilité des gardes… L’intrigue progresse pas à pas, use de quelques flash-back. L’art du scénariste Fabien Nury ne faillit pas, ni celui de Brüno, à l’admirable ligne claire et incisive, toujours harmonieuse et subtilement colorée. Leur exercice de style est indéniablement réussi.
-
admirablement colorisé par Laurence Croix a qui comme le tome précédent, l’album doit beaucoup.
-
Il s’agit d’une BD récente très bien réalisée (surtout le scénario je pense, mais le dessin parvient à cacher ses faiblesses et la lecture reste passionnante. Il parait que Monsieur Nury a rendu de vibrants hommages aux classiques du polar, au cinéma et dans la série noire. Il a raison, au moins, il y a des caractères bien trempés et du suspense. Et c’est comme cela que l’on plait au public.
Commentaires