Kate, 12 ans, adore l’équitation. Mais c’est un sport exigeant et onéreux, et sa famille modeste ne peut lui offrir tous les cours qu’elle voudrait, ni le même matériel clinquant que ses camarades. Elle doit donc faire de menus travaux dans le centre équestre pour financer sa passion, ce qui lui ne déplaît pas mais la met en situation d’infériorité par rapport aux autres filles mieux loties. Qui ajoutent à ce mépris de classe des moqueries sur ses rondeurs…

Venue des États-Unis, cette longue bande dessinée évoque avec douceur et sobriété la délicate période de la préadolescence pour une jeune fille, qui n’est ni la plus riche, ni la plus jolie (selon son grand frère, ses camarades, voire sa mère…), ni la plus populaire. S’inspirant de sa propre enfance, Kristin Varner montre combien l’estime de soi est mise à mal par la pression sociale et les mesquineries d’ados (la séquence à la piscine, où Kate ne veut pas que le garçon dont elle est amoureuse la voit en maillot, est touchante car très réaliste), et comment des remarques voire des brimades répétées peuvent pousser à l’isolement. Mais l’autrice s’appuie sur une héroïne épatante, qui va relever l’un après l’autre tous les défis, surmonter sa honte et ses appréhensions, mue par une passion puissante pour le monde du cheval. Un personnage très positif, auquel s’identifier facilement.

Le dessin, assez simple, n’est pas très marquant, mais la mise en couleurs bleutée lui donne suffisamment chair, dans un découpage dynamique et fluide. Et en prime, Kristin Varner distille quelques petites infos sur le monde de l’équitation, ses règles, vocabulaire et accessoires, renforçant ainsi l’intérêt de cette chouette BD.