Un été cruel
À la fin des années 80, Ricky, le fils de Teeg Lawless, cambriole la maison d’un vieux gangster, « Mack le monstre », pour lui soutirer des bijoux de valeur. Ricky n’a qu’une seule ambition : payer la caution et faire sortir son père de taule. Une fois dehors, Teeg Lawless veut finir sur un dernier braco qui le mettrait à l’abri. Seulement voilà, entre son fils qui suit la même pente vertigineuse et une femme fatale qui le fait sombrer dans la passion, tout ne va pas se passer comme prévu pour Lawless…
Qu’il est bon de retrouver ce duo choc désormais culte, nos vieux potes Ed Brubaker et Sean Phillips (Pulp), pour ce récit de 300 pages situé dans l’univers de Criminal. Du noir, de l’excellent polar noir qui met aux prises des écorchés vifs, des dealers et des braqueurs, des détectives, des bons bad boys et des criminels intègres, un père et un fils en proie à leurs démons au coeur de bas-fonds poisseux, gangrénés par la drogue et les trafics. On sait comment l’histoire se termine, mais comment en est-on arrivé là ? Une histoire de filiation, quand le Mal se transmet de génération en génération. Et c’est au moment où il se croit sauvé, qu’il trouve enfin le grand amour, que Teeg Lawless va sombrer, comme tous ces truands attachants, humains bien trop humains, mais déjà condamnés. Un père, un fils, un duel arbitré par une femme fatale. L’éternel retour de la violence et la déchéance, un programme sans fin.
L’occasion pour Brubaker, avec sa mythique voix off et sa narration haletante, de creuser encore l’univers Criminal, en plus de nous donner une furieuse envie de relire les tomes précédents. Quelques moments de flottements cependant, avec un punch un peu dilué – normal pour un comics de 300 pages, qu’on lit comme un roman noir –, qui n’entament jamais l’immense plaisir qu’on a à se plonger dans ces destins cabossés, ceux d’une Amérique déviante, aussi fascinante que détestable. Du noir profond, des couleurs tirant vers un rose-orangé crépusculaire de toute beauté, le dessin Sean Phillips emballe à chaque page. On lit les drames sur les visages, la détresse dans les regards. Oui, encore une belle réussite. Foncez !
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