Un jour il viendra frapper à ta porte
Julien n’a jamais connu son père. Mais il sait qui il est, et se décide à lui rendre visite. En ressort un entretien tout sauf chaleureux, face à un homme qui assume l’avoir abandonné car il n’était pas prêt, et qui a refait sa vie (mariage, enfants) depuis. Surtout, il raconte à son fils l’histoire de son propre père, juif polonais déporté, qui a dû étouffer son bébé pour qu’il n’alerte pas les nazis alors qu’il était en fuite pour quitter le ghetto de Varsovie. Une confession sordide qui va hanter Julien, qui n’aura de cesse d’en savoir plus sur cette famille qu’il se découvre enfin…
Touchant récit autobiographique, cette épaisse bande dessinée de 300 pages (dont les 50 premières avaient été publiées dans la revue Papier) décrit le cheminement tâtonnant d’un jeune homme sur les traces de son père et surtout de son grand-père, alors que lui-même devient papa. Beaucoup de sensibilité et de pudeur émanent de cet album, grâce aux mots justes et sobres de Julien Frey, parfaitement soutenus par la ligne fluide et légère de Dominique Mermoux. Enquête sur les origines et volonté d’honorer la mémoire des survivants de la Shoah, ou tout simplement des aïeux disparus, le livre ne tombe pas dans le piège du témoignage cathartique, ni dans celui du document généalogique mâtiné de culture juive. Julien Frey parvient à trouver l’équilibre narratif idéal, distillant des respirations cocasses quand le fond se fait trop lourd, dosant avec justesse le flot d’informations recueillies, ses impressions de voyage en Israël et son questionnement simple mais essentiel sur se racines. Un jour il viendra frapper à ta porte est un album plein d’émotions. Mais jamais manipulateur, car il est toujours sincère et sobre. C’est rare et c’est beau.
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