Par Fabien Bedouel et Laurent-Frédéric Bollée. 12 Bis, 13 €, le 22 avril 2010.

Que s’est-il réellement passé dans cette tranchée française en ce printemps 1917 ? Des soldats y sont morts, soi-disant des effets des gaz allemands. Mais des photos montrent le contraire… Autour de cette affaire confidentielle et de mystérieux bombardements sur Paris, huit personnages gravitent. Un jeune soldat en permission; une institutrice pacifiste; un imprimeur bourru; un commissaire dépassé; un député indifèle; un comédien en devenir; un journaliste de guerre; et un général en retraite…

Un long destin de sang se présente comme un drame en deux actes, dont voici le premier. Un récit choral, qui tient plus du rythme des séries télé que de celui du théâtre. En effet, on navigue entre tous les personnages à une vitesse folle, suivant en parallèle les parcours de chacun – qui se croisent à un moment ou à un autre. Laurent-Frédéric Bollée (L’Ultime Chimère) réussit la prouesse d’aller et venir entre tous ses protagonistes avec une fluidité et une lisibilité impressionnantes, dans des séquences extrêmement courtes qui s’enchaînent parfois au sein d’une même page. Le suspense augmente ainsi à mesure que se déroule l’intrigue, bien portée par des personnages forcément archétypaux mais solides. Largement à la hauteur de ce scénario implacable, le dessin du jeune Fabien Bedouel (L’Or et le sang) : son trait fin et précis et son jeu d’ombres inquiétant renforcent l’atmosphère angoissante qui baigne cet excellent album. On en frissonne de plaisir.

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